Il y a 30 ans, le 2e REP sautait sur Kolwezi
Le 2e REP saute sur Kolwezi (c) 2e REP
Le 13 mai 1978, « les gendarmes katangais », des rebelles opposés au président pro-occidental zaïrois Mobutu et soutenu par l’Angola (alors proche du Bloc soviétique), envahissent la riche région minière du Shaba (ex-Katanga) et s’emparent de la ville de Kolwezi où vivent 100.000 zaïrois et 2.500 employés européens de la société minière Gecomines.
Une fois la ville entre leurs mains, les rebelles katangais se livrent à des pillages et à des massacres. Le président Mobutu en appelle alors à la communauté internationale pour obtenir de l’aide. Les Américains font alors la sourde oreille pendant que les Belges hésitent à intervenir militairement dans leur ancienne colonie.
C’est dans ce contexte que le président Valéry Giscard d’Estaing décide d’envoyer des troupes aéroportées à Kolwezi en raison de la forte présence de citoyens français parmi la population européenne de la ville.
Le 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2e REP) de Calvi, sous les ordres du colonel Philippe Erulin, est alors désigné pour accomplir l’opération baptisée « Bonite » (ou « Léopard ») dont le but est de permettre l’évacuation des ressortissants européens de Kolwezi.
Dans la nuit du 17 au 18 mai, le régiment s’envole de la base aérienne de Solenzara à bord d’un DC-8 français et d’avions de transport américains pour arriver quelques heures plus tard à Kinshasa, la capitale du Zaïre.
Le 18, les évènements se précipitent. Un message intercepté par les militaires zaïrois indique que les rebelles katangais ont l’intention de quitter Kolwezi en emmenant avec eux les Européens après avoir détruit les infrastructures industrielles de la ville.
Le chef de la mission française d’assistance militaire au Zaïre, le colonel Gras et le chef du corps du 2e REP, le colonel Erulin, décident d’avancer l’opération aéroportée initialement prévue pour le 20 mai.
Ainsi, il est 15h40 (heure locale) quand les légionnaires sont parachutés au-dessus Kolwezi le 19 mai. Le lendemain au soir, les hommes du 2e REP finissent par prendre le contrôle de la ville après avoir livré de violents combats, notamment autour de l’hôpital et de l’hôtel Kimpala où était installé le quartier général des rebelles. Le même jour, les parachutistes belges, arrivés une fois Kolwezi rendue plus sûre, peuvent commencer l’évacuation des civils européens vers Kinshasa.
Mais la mission des légionnaires français n’est pas pour autant terminée. Le 2e REP poursuivent les rebelles afin de les forcer à abandonner les villages voisins où ils s’étaient réfugiés et à se replier vers l’Angola, et cela, au prix de violents accrochages, notamment à Kapala et à Luala.
Les troupes françaises resteront au Shaba jusqu’au mois de juin, après qu’une force multinationale africaine (composée d’éléments sénégalais, ivoiriens, marocains, gabonais et togolais) ait pris position dans la région.
Le bilan de l’affaire de Kolwezi est lourd. Le 2e REP a perdu cinq légionnaires et 20 autres ont été blessés au cours de l’opération. Si 2.000 Européens ont pu être évacués et ainsi sauvés, 120 ont perdu la vie, ainsi que 500 Zaïrois. Sans l’intervention du 2e REP et le courage ainsi que l’efficacité de ses hommes, il ne fait aucun doute que ce chiffre aurait pu être nettement plus élevé.