Premières orientations du Livre blanc sur la défense

Une première mouture du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de la commission présidée par Jean-Claude Mallet, a été mis à la disposition d’un nombre restreint de parlementaires le 16 mai dernier. La dernière version du document, qui doit fixer les grandes orientations de la stratégie française pour les quinza ans qui viennent sera amendé lors d’un conseil de défense qui doit se tenir à l’Elysée au début du mois prochain puis sera ensuite soumis au Conseil des ministres le 11 juin.

Cependant, et bien que le texte soumis aux parlementaires soit classé « confidentiel défense », les recommandations qui y figurent sont, pour la plupart d’entre elles, connues depuis longtemps étant données qu’elles ont été annoncée par le président de la République, Nicolas Sarkozy ou son ministre de la Défense, Hervé Morin, quand elles n’ont pas été déjà mises en oeuvre.

Ainsi, conformément au discours du chef de l’Etat du 21 mars dernier à Cherbourg pour le lancement du SNLE « Le Terrible », le document préconise la réduction d’un tiers de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire, qui ne se composera plus que de 40 avions Rafale à la place des 60 Mirage 2000 N qui assurent actuellement cette mission.

Il en va de même pour ce qui concerne l’organisation des armées. La propositon de créer 90 « bases de défense » et de rééquilibrer le ratio entre les missions opérationnelles et celles de soutien au détriment de ces dernières n’est autre que le credo maintes fois répété par le ministre de la Défense depuis septembre dernier.

Quant à la politique de défense au niveau international, le Livre blanc ne s’oppose à un retour de la France dans la structure militaire intégrée de l’Otan sans toutefois que la dissuasion nucléaire soit concernée et préconise un allégement de la présence militaire française en Afrique pour mieux la renforcer en Méditerranée et dans l’océan Indien. Or, cette orientation a déjà été décidée par le chef de l’Etat, avec notamment l’annonce, en janvier, de l’ouverture d’une base permanente dans les Emirats arabes unis.

Alors que le précédent Livre blanc de 1994 insistait sur les capacités de projection et le concept de « mobilité stratégique », la Commission Mallet propose de modifier le contrat opérationnel des armées de Terre et de l’Air.

Ainsi, la première devra être en mesure de déployer 30.000 hommes en opérations extérieures (au lieu de 50.000 actuellement). Près de 10.000 autres militaires seront en outre appelés à intervenir sur le territoire national. Les aviateurs, quant à eux, verront leur capacité de projection réduite de 100 à 70 avions de combat, avec dix appareils en alerte.

La Marine nationale devrait être relativement épargnée par la réduction du format des armées qui s’annonce. Elle pourra compter sur une vingtaine de frégates – au lieu des 25 réclamées – et sur le maintien d’un groupe aéronaval. Quant à la décision de mettre en service un second porte-avions pour pallier aux indisponibilités du Charles de Gaulle, elle appartient au chef de l’Etat qui rendra ses arbitrages après la tenue du Conseil de défense prévu le mois prochain.

La Commission Mallet a en outre dégagé cinq axes prioritaires pour la défense nationale : la dissuasion, la connaissance et l’anticipation, la prévention, la protection et l’intervention. Elle a également mis en évidence de nouvelles menaces, inexistantes en 1994, comme la cyberguerre, les pandémies ou encore les conséquences du réchauffement climatique.

Ainsi, le Livre blanc insiste sur l’importance de renforcer la protection du territoire et celle de la population civile, ainsi que d’améliorer les capacités du renseignement, notamment avec la mise en place d’un programme de satellites d’observation et la nomination d’un coordinateur du renseignement auprès du président de la République. Et cela, au détriment des autres capacités opérationnelles.

Or, comme l’a rappelé, le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, lors d’un colloque sur la Défense le 14 mai, « savoir sans pouvoir n’est jamais d’une grande utilité. Il faut combattre l’illusion que la connaissance peut remplacer l’action. »

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