Les islamistes somaliens ciblés par un raid américain

Après une série de raids ratés, l’armée américaine est enfin parvenue à porter un rude coup aux islamistes somaliens la semaine dernière. Dans la nuit du 1er au 2 mai, un AC-130 de l’US Air Force a effectué avec succès une frappe ciblé dans la zone de Dusa Mareb, située au centre du pays, à 480 km au nord de Mogadiscio.

L’objectif principal des Américains était le chef de la milice islamiste radicale « Al-Shahab », un certain Aden Hashi Farah Ayro. Le raid a également tué une dizaine d’autres personnes qui se trouvaient dans la maison qu’occupait Ayro.

Apparu en 2004 en Somalie, le groupe Al-Shahab est accusé par Washington d’avoir fair allégeance à Al Qaida. Ayro avait par ailleurs effectué un entraînement en Afghanistan avant 2001. Il y avait été envoyé par son mentor, Cheikh Hassan Dahir Aweys, un ancien colonel de l’armée nationale somalienne devenu plus tard le chef militaire du groupe radical islamiste Al-Ittihad Al-Islami et qui a été nommé en juin 2006 à la tête du Conseil des tribunaux islamiques.

A son retour d’Afghanistan, Aweys le place à la tête de la milice Al-Shahab, le bras armé du Tribunal islamique d’Ifka Halane qui prendra brièvement le pouvoir à Mogadiscio en 2006. Ayro, âge d’une trentaine d’années, s’installe alors avec ses hommes dans un cimetière catholique dans les environs de la capitale somalienne. Il le transforme en camp militaire où transitent des djihadistes étrangers.

Ayro se fait alors connaître pour sa violence. Il est soupçonné d’être à l’origine du meurtre de quatre employés occidentaux d’ONG et de plus d’une douzaine de Somaliens supposés avoir eu des liens avec des services de renseignement. Sa têté a été mise à prix par les responsables du Gouvernement fédéral de transition (GFT) soutenu par l’Ethiopie mais aussi par les Américains.

En 2006, un seigneur de guerre somalien avait été payé par les services secrets américains pour lui faire la chasse. Il s’en était fallu de peu pour que ce dernier lui mette la main dessus, Aryo ayant réussi à lui échapper en utilisant le chapelet de grenades qu’il gardait autour de sa taille.

En janvier 2007, alors que les Tribunaux islamiques sont contraints d’abandonner Mogadiscio grâce à l’intervention de l’armée éthiopienne, Aryo réussit à passer au travers d’un raid ciblé de l’US Air Force. C’est aussi à partir de cette période que le chef d’Al-Shahab va s’inspirer des méthodes de la guérilla irakienne pour mener ses actions en Somalie. Dans un récent enregistrement audio, Ayro avait lancé un appel pour attaquer les « troupes infidèles » de l’Union africaine déployées à Mogadiscio.

Pour autant, la mort d’Aryo ne mettra pas un terme aux violences islamistes dans la pays. Les djihadistes restent encore très actifs dans le sud où une trentaine de localités ont eu à subir leurs attaques. Le groupe Al-Shahab a par ailleurs prévenu qu’Aryo serait prochainement remplacé par plusieurs personnes.

Le récent rapport du département d’Etat américain ayant indiqué que la Corne de l’Afrique est, à l’avenir, susceptible de devenir un sanctuaire pour les militants d’Al Qaida, le raid de l’US Air Force aura permis au moins de montrer aux responsables djihadistes qu’ils ne pouvaient se sentir en sécurité nulle part… sauf dans les zones tribales pakistanaises.