Les talibans intensifient leurs attaques

Le 18 avril dernier, un important commandant taliban, le mollah Torjan, a été arrêté dans la province d’Uruzgan, située au sud de l’Afghanistan. Le même jour, et au même endroit, deux soldats néerlandais ont perdu la vie lors de l’explosion d’une bombe. L’un des deux, le lieutenant Denis van Uhm, était le fils du nouveau chef d’état-major des forces armées des Pays-Bas.

Avec la venue du printemps, traditionnellement synonyme de reprise des hostilités, les attaques des talibans se multiplient. Le 23 avril par exemple, les islamistes ont perpétré une série d’attentats à différents points du pays. Cinq policiers afghans ont ainsi été tués dans la province de Kunar, près de la frontière avec le Pakistan. Au cours de l’accrochage qui a suivi, 13 talibans ont été abattus.

Dans la province de Baghdis (nord-ouest), trois autres policiers ont été victimes de l’explosion d’une bombe. Dans le Helmland, un kamikaze a été tué à l’entrée d’une caserne de police. Deux autres membres des forces de sécurité y ont perdu la vie. A Spin Boldak, un autre islamiste s’est fait sauter dans un bazar, tuant trois civils .

Mais l’attaque la plus audacieuse a eu lieu dimanche, à Kaboul. Alors qu’il s’apprêtait à assister à un défilé militaire de 3.000 soldats devant marquer le 16e anniversaire de la chute du dernier gouvernement afghan communiste, le président Hamid Karzaï a échappé à une énième tentative d’attentat, alors que ce dernier se trouvait dans une tribune en compagnie de diplomates, de parlementaires et de membres du gouvernement.

L’attaque a commencé à la fin d’une salve de 21 coups de canon par des tirs d’armes automatiques. Immédiatement mis à l’abri, le président Karzaï n’a pas été touché mais la fusillade aurait tué trois personnes, dont un enfant de 10 ans et le député Fazul Rahman Chamkadi, très populaire dans la province de Paktia (sud-est), et fait une dizaine de blessés. Du côté des assaillants, trois d’entre eux auraient été abattus et les autres ont été arrêtés.

L’attentat a été revendiqué par l’un des porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. « Les autorités afghanes et celles de l’Otan n’arrêtent pas de dire que les talibans sont sur le point d’être anéantis. Nous venons de prouver que les talibans ont la capacité d’opérer non seulement dans les provinces, mais aussi à Kaboul », a-t-il déclaré.

Que les islamistes soient capables de frapper Kaboul n’est pas une nouveauté. En septembre 2007, le 13e Bataillon de Chasseurs alpins a d’ailleurs perdu un des siens, l’adjudant-chef Laurent Pican, lors d’un attentat à la voiture piégée dans la capitale afghane. Une attaque contre l’hôtel de luxe « Serena », en janvier, au coeur de Kaboul, avait fait plusieurs victimes. Mais ce qui est plus préoccupant, c’est qu’ils aient pu s’approcher aussi près du président Karzai et des officiels pour oser lancer une attaque. Deux hypothèses peuvent être dès lors envisagées : soit les mesures de sécurité inhérentes à une telle cérémonie ont été insuffisantes, soit les talibans ont bénéficié de complicité à l’intérieur même des services afghans.

Il est notoire que la police afghane passe pour être corrompue et son efficacité laisse à désirer. Quant à l’armée nationale afghane, le fait qu’elle ait pu se laisser surprendre montre qu’elle est encore loin d’être prête à prendre la relève des forces de l’ISAF.

Depuis 2006, 12.000 personnes ont perdu la vie dans des attentats en Afghanistan. Parmi elles, on compte plus de 330 soldats étrangers.

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