22 avril 1915 : la guerre chimique commence

Le premier conflit mondial aura d’une certaine manière révolutionné la façon de faire la guerre. Le temps des charges héroïques de cavalerie n’aura survécu que quelques semaines après le début des hostilités. Un jeune officier de cavalerie de l’époque, le lieutenant Chambe, pressentant que l’avenir de son arme d’origine allait être radicalement différent de l’idée qu’il s’en était fait jusque là, choisissait l’esprit chevaleresque de l’aviation militaire naissante.

La guerre de 1914-18 aura donc vu, entre autre, l’émergence de l’aviation de chasse, la naissance du char qui connaîtra le baptème du feu lors de la bataille de la Somme en 1916 ou encore l’apparition des gaz de combat.

C’est en effet le 22 avril 1915, alors que la seconde bataille d’Ypres vient de commencer, que l’armée allemande utilise pour la première fois un gaz toxique à base de chlore. Près de 10 000 soldats français, britanniques et canadiens sont mis hors de combat lors de cette attaque. Pour les alliés, il devient alors urgent de trouver un moyen pour se protéger de l’effet de ces gaz dont l’idée de l’utilisation revient au futur prix Nobel de chimie Fritz Haber.

Cependant, l’armée allemande n’atteindra pas les buts de son offensive. Une contre-attaque britannique menée le 24 mai l’oblige à reculer. Mais la seconde bataille d’Ypres va être le début non seulement d’une course à l’armement chimique mais également aux moyens de protection. Et si les alliés ont protesté contre l’emploi de gaz toxiques par les Allemands, il n’en reste pas moins que Français et Britanniques ont cherché à en développer, et en ont produits et utilisés.

C’est grâce aux travaux du chimiste Victor Grignard que l’armée française a utilisé du phosgène, un gaz hautement toxique à température ambiante, classé parmi les agents suffocants. Dès le début de la guerre, les Français avaient déjà songé à se servir de gaz lacrymogènes sur un champ de bataille.

Le fameux gaz moutarde, encore appelé Ypérite, fera son apparition lors de la troisième bataille d’Ypres (ou bataille de Passchendaele, du 31 juillet au 6 novembre 1917). Ce gaz, qui a été utilisé pour la dernière fois par Saddam Hussein contre les Kurdes, s’attaque aux yeux et aux poumons.

A la fin de la guerre, plus d’un obus fabriqué sur quatre contenait une charge chimique. La Croix rouge lancera un appel, le 6 février 1918, contre l’utilisation de telles armes. Il faudra attendre cependant la fin de la guerre froide pour que les premiers textes interdisant les armes chimiques soient adoptés.

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