La France envisage son retour au commandement intégré de l’Otan dès 2009

Eviter que la France ne soit entraînée dans un conflit où elle n’aurait pas eu son mot à dire. Voilà une des raisons qui a poussé le général de Gaulle à se retirer du commandement intégré de l’Otan en mai 1966. Le souci de l’indépendance nationale a également joué en faveur de cette décision, rendue également possible par la mise au point de la force de dissuasion française. A l’époque, le choix de l’Homme du 18 juin 1940 pouvait alors paraître pertinent dans un contexte géopolitique caractérisé par l’affrontement des deux blocs, l’un pro-américain, l’autre, pro-soviétique, porteurs l’un et l’autre de valeurs et de conceptions idéologiques antagonistes.

Plus de quarante ans plus tard, la donne a changé. La guerre froide fait partie du passé, la menace soviétique n’existe plus, pour faire la place à d’autres dangers, tels que la prolifération d’armes nucléaires et de missiles balistiques ou encore le terrorisme. S’ajoute à ce tableau l’émergence de nouvelles puissances militaires, comme la Chine et l’Inde.

Le contexte géopolitique a également changé avec l’affirmation de l’Union européenne et la volonté de ses dirigeants d’en faire une puissance non seulement économique mais aussi politique, ce qui implique un volet militaire avec le serpent de mer, depuis au moins 1998, de la mise en place d’une défense européenne.

L’émergence de cette dernière a souvent été regardée avec scepticisme et d’un mauvais oeil par Washington, pour qui cette initiative pourrait entrer en concurrence avec l’Otan. En clair, les Américains et leurs alliés les plus proches, notamment Britanniques, ont toujours refusé l’idée qu’une défense européenne puisse voir le jour au détriment de l’Alliance atlantique.

En 1995, le président Chirac, alors fraîchement élu, avait déjà exprimé son intention de rapprocher la France de l’Otan, tout en posant des conditions que ne pouvaient alors que refuser les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Dans ses exigences, le chef de l’Etat français avait demandé qu’un pilier européen de défense « autonome » de l’Otan soit créé et que le commandement de la zone Sud de l’Alliance, dont le quartier général est situé à Naples (Italie), soit exercé par un officier général européen et non américain, comme c’est le cas depuis 1949. Etant donné que cet officier européen aurait eu une autorité sur la VIe Flotte américaine en Mediterranée, la réaction de Washington face à cette demande était alors prévisible.

Alors que la Paris va prendre la présidence de l’Union européenne à compter du 1er juillet prochain, Nicolas Sarkozy souhaite faire avancer le dossier de la défense européenne, sans pour autant que ce soit au préjudice de l’Alliance atlantique. « Nous avons besoin de l’Otan et de la défense européenne », a-t-il déclaré au sommet de Bucarest. De ce fait, si la France doit revenir au sein du commandement intégré de l’Otan, ce sera du donnant-donnant. « Laissons cheminer l’Europe de la défense et nous continuerons cheminer vers l’Otan. Je le redis : ce sont les deux en même temps, pas l’un ou l’autre », a affirmé le président de la République au cours d’une conférence de presse.

Il s’agit donc maintenant pour la France de se rapprocher de l’Otan tout en faisant progresser la défense européenne. Nicolas Sarkozy a fixé la fin de la présidence française de l’UE pour « conclure ce processus et de prendre les décisions nécessaires pour que la France prenne toute sa place dans les structures de l’Otan. »

Cette nouvelle approche a été perçue favorablement par Washington. « Le président des Etats-Unis a fait une déclaration ce matin sur la nécessité de l’Europe de la défense en complément de l’Alliance qui était à mon avis un tournant historique dans la politique des Etats-Unis d’Amérique », a déclaré M. Sarkozy.

Cependant, que les Américains soient plus enclins à accepter l’idée d’une défense européenne ne fera pas tout. Au sein de l’Union européenne, seules les armées française et britannique se détachent du lot. Par conséquent, la Grande-Bretagne apparaît incontournable pour la mise sur pied d’une défense européenne.

Or, il s’avère justement que ce sont les Britanniques qui y sont le plus hostiles, en dépit des gages donnés par l’ancien Premier ministre Tony Blair notamment lors du sommet de Saint-Malo de 1998. Ainsi, la Grande-Bretagne a refusé de participer au financement de l’Agence européenne de la défense, chargée de mutualiser à l’échelle européenne des projets d’armement et n’a pas montré un enthousiasme débordant sur l’idée de créer un « quartier général » européen pour les opérations de maintien de la paix décidée par l’Union européenne en dehors de l’Otan, comme celle qui est menée actuellement au Tchad.

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