La Chine annonce avoir déjoué un complot terroriste visant les JO

Il n’y a pas qu’avec le Tibet que la Chine connaît des tensions séparatistes. Il en est question aussi avec le Xinjiang, une vaste région de 1 646 800 km2 située à l’extrême-ouest du pays, voisine de l’Afghanistan et du Pakistan.

La population du Xinjiang est composée pour plus de la moitié de musulmans (61,7% en 1990). Sur 19,25 millions d’habitants, près de 59,9% sont d’une origine autre que celle des Han – Han servant à désigner des individus « éthniquement chinois ». On y dénombre près d’une vingtaine de groupes éthniques différents mais un de splus importants est celui des Ouïgours (47.7% de la population en 1990).

L’afflux de population Han au cours des années 1990 dans cette région et l’indépendance des anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale ont conduit à la naissance d’un mouvement indépendantiste de tendance islamiste qui est pris au sérieux par Pékin. Certains de ces séparatistes seraient liés avec le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), un réseau terroriste installé en Afghanistan et au Pakistan.

Cette organisation a été accusée, par Wang Lequan, le chef du parti communiste du Xinjiang, d’avoir ordonné la préparation d’un attentat contre les Jeux Olympiques de Pékin qui auront lieu du 8 au 24 août prochain. C’est en tous les cas ce qu’a conclu la police chinoise après une opération menée le 27 janvier dernier à Ouroumtsi, la capitale du Xinjiang, contre un groupe séparatiste ouïgour. Deux militants avaient été tués et quinze arrêtés lors de l’assaut.

Hasard ou non, Nur Bekri, le président du gouvernement régional du Xinjiang, a révélé lors de la même journée qu’un attentat visant un avion de la ligne Ouroumtsi-Pékin avait été déjoué. L’appareil, appartenant à la compagnie China Southern Airlines, a été contraint d’atterrir à Lanzhou, la capitale de Gansu, une province voisine du Xinjiang, car « certaines personnes tentaient de provoquer une catastrophe aérienne » selon ses propos. L’équipage aurait maîtrisé au moins deux personnes en possession de « produits inflammables ».

Ce soudain regain d’activisme ouïgour a de quoi surprendre. Pour les deux affaires, aucun des deux responsables n’a fourni le moindre élément de preuvre pour justifier leurs accusations. Le MITO, l’organisation terroriste visée, a de plus subi de sérieux revers lors de l’intervention militaire américaine en Afghanistan.

Enfin, selon le sinologue Roger Faligot, qui vient de publier « Les services secrets chinois. De Mao aux JO« , le Guoanbu, l’équivalent de la CIA en Chine, aurait réussi à infiltrer des agents ouïgours dans le réseau d’Al-Qaïda. L’auteur révéle que le général Chen Xiaogong, le coordinateur du renseignement militaire, aurait même trouvé un accord avec Al-Qaïda pour qu’il n’y ait pas d’attentat pendant les JO.

Les services secrets chinois. De Mao aux JO, de Roger Faligot – Nouveau Monde Editions

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