L’Inde complète son arsenal

En avril 2007, l’Inde avait annoncé le succès d’un tir d’essai du missile balistique Agni III (feu, en sanscrit), d’une portée comprise entre 3.000 et 4.000 kilomètres et par conséquent, susceptible d’atteindre des objectifs en Chine. Un dernier test devrait être effectué avant sa mise en service. New Delhi a également le projet de mettre au point un autre missile, l’Agni IV, dont la portée serait, cette fois, de 6.000 kilomètres.

En raison de sa rivalité tradionnelle avec le Pakistan voisin mais aussi à cause de sa volonté d’être l’égal de la Chine, l’Inde muscle son armée et cherche à développer ses capacités militaires, notamment dans le domaine des missiles balistiques.

Ainsi, les Indiens ont franchi un nouveau pas dans la maîtrise des technologies nécessaires à la mise en oeuvre de tels armements en réussissant le premier tir d’essai, à partir d’une plate-forme sous-marine, du missile K-15, susceptible d’être muni d’une charge nucléaire et pouvant parcourir une distance de 700 km. Le test a été effectué depuis un ponton immergé situé au large de la côte sud-est du pays, près de la ville de Visakhapatnam.

Le missile K-15 devrait équiper, à terme, le futur sous-marin nucléaire indien qui est encore en cours de construction. Dix ans seulement après avoir annoncé à la communauté internationale qu’elle avait procédé à des essais nucléaires souterrains, l’Inde aura bientôt des mêmes systèmes mis en oeuvre par les grandes puissances qui disposent d’un arsenal nucléaire.

Jusqu’à présent, seuls les Etats-Unis, la France et la Russie étaient capables de tirer des missiles sous l’eau. L’Inde fait désormais partie de ce club très fermé. Bien que les Britanniques aient cette capacité, ils utilisent des systèmes américains. Quant aux Chinois, même si ils ont un SNLE en service – le 406 Changzheng, conçu à partir d’un classe Delta III russe – il semblerait que leur système n’a pas encore atteint la fiabilité opérationnelle suffisante qui les mettrait au même niveau que les autres puissances nucléaires.

Plusieurs difficultés doivent être contournées pour lancer un missile sous l’eau. Au niveau du sous-marin d’abord. Quand ce dernier tire un missile, il faut compenser la perte de poids qui en est induite. Il faut donc rééquilibrer le bâtiment, ce qui n’est pas une mince affaire lorsque l’on sait qu’un missile pèse plusieurs tonnes. Une fois le missile éjecté de son silo, il vient la phase de l’allumage, qui commence alors que le projectile est encore sous l’eau.

Le succès de cet essai du missile K-15 est en tous les cas la marque des progrès considérables que l’Inde a fait dans le domaine de la recherche de défense. Ces efforts ne peuvent pas laisser le Pakistan indifférent, d’autant plus que New Delhi a l’intention, au cours des prochaines années, de moderniser son armement conventionnel qui, jusqu’à présent, est essentiellement d’origine russe.

Pour Islamabad, empêtré dans une guerre civile larvée, la volonté indienne de moderniser ses forces armées et de développer son arsenal de missiles balistiques pourrait être le signal donné à une course aux armements dangereuse pour l’Asie du Sud.

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