Etats-Unis : un membre d’Al-Qaïda au tribunal

Mohammed Mansour Jabarah

La justice américaine va juger un certain Mohammed Mansour Jabarah pour son implication dans la préparation d’attentats contre les ambassades des Etats-Unis aux Philippines et à Singapour, préméditation de meurtre sur des agents du FBI et sa participation à des camps d’entraînement de Ben Laden en Afghanistan.Jabarah avait été mis au secret par le FBI, après sa remise aux autorités américaines suite à son arrestation en mars 2002. Le terroriste avait alors plaidé coupable et était disposé à collaborer avec l’agence fédérale dans les enquêtes de contre-terrorisme. Les interrogatoires menés par les agents du FBI avaient en effet établi que Jabarah était en possession d’informations confidentielles concernant Al Qaïda et la nébuleuse terroriste, comme par exemple les codes utilisés par les islamistes pour communiquer entre eux.

Sa coopération lui avait valu un régime de faveur de la part des agents fédéraux. Seulement, son intention d’assassiner un des agents chargé des interrogatoires pour venger un ami d’enfance tué lors d’une attaque contre des Marines au Koweit et la découverte de couteaux et de plans de fabrication de bombes à son lieu de détention eurent raison de l’accord qu’il avait passé avec les autorités américaines. Dès lors, il fût mis au secret et placé sous surveillance vidéo 24 heures sur 24.

Jabarah a 12 ans quand sa famille s’installe au Canada, où son père y devient un homme d’affaires prospère. Chaque été, son frère, Abdul Rahman, et lui se rendent au Koweit pour y voir de la famille. Ils y fréquentent la mosquée de l’imam Abou Gaith dont les prêches les font pencher vers l’islamisme radical. D’après les rapports d’interrogatoire du FBI, ce serait donc au Koweit que les deux frères sont recrutés par des membres d’Al Qaida, sans doute intéressés par leur passeport canadien, puis envoyés dans des camps d’entraînement au Pakistan.

En mars 2001, Abdul Rahman retrouve ses parents à la Mecque lors du pélerinage du Hadj et revient au Canada. Quant à Mohammed Mansour Jabarah, il prête serment de fidélité à Ben Laden en mai 2001. Durant l’été de la même année, il rejoint un camp d’entraînement en Afghanistan où il est pris en charge par Khaled Cheikh Mohammed, celui qui est présenté comme étant le cerveau des attentats du 11septembre 2001 aux Etats-Unis.

En octobre, il étudie des cibles potentielles aux Philippines avec des militants locaux de la mouvance islamiste. Deux objectifs retiennent son attention : l’ambassade des Etats-Unis et celle d’Israël. Il se rend alors compte de la complexité d’attaquer les deux enceintes. Dans un rapport à ses chefs, il préconisera de faire écraser des avions détournés sur les cibles désignées.

Jabarah se rend ensuite à Singapour pour y retrouver une cellule locale d’Al Qaïda qui repère des objectifs à l’aide de films vidéos. Les cassettes de ces enregistrements sont ensuite envoyés en Afghanistan et seront retrouvées par les forces américaines en décembre 2001, dont l’une d’entre elles dans les débris de la maison occupée par Mohammed Atef, le chef des opérations militaires de la nébuleuse islamiste.

En novembre, il sert d’agent de liaison entre Al Qaïda et la Jemaah Islamiyah, une organisation faisant partie de la mouvance islamiste et entretenant des rapports étroits avec le réseau de Ben Laden.

Le mois suivant, il apprend l’arrestation de ses complices à Singapour et part à Bangkok (Thaïlande) où il rencontre Hambali, qui est le chef des opérations de la Jemaah Islamiyah mais aussi membre du conseil consultatif d’Al Qaida. Ce dernier lui conseille de quitter l’Asie du sud-est pour le Moyen-Orient. Jabarah débarque alors à Dubaï en janvier 2002. Il y retrouve son frère, Abdul Rahman.

Enfin, il est arrêté à Oman en mars 2002 puis extradé au Canada pour être ensuite remis aux autorités américaines après avoir conclu un accord. Son frère sera tué en juillet 2003 à Djeddah, en Arabie Saoudite, lors d’une opération antiterroriste.

Si Mohammed Mansour Jabarah risque la prison à vie si il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés.

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