Singapour n’a pas l’intention de renoncer au service militaire obligatoire

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En août 2016, un attentat contre le coeur historique de Singapour a été déjoué grâce au démantèlement, par la police indonésienne, d’une cellule de 6 personnes appartenant à la mouvance jihadiste. Ainsi, cet épisode montre que la Cité-État n’est nullement à l’abri du terrorisme.

Mais ce n’est pas la seule menace : la sécurité maritime est également un enjeu, de même que les relations parfois tendues avec la Chine, en raison de sa proximité avec Taïwan et les États-Unis, qui lui font redouter d’être prise pour cible dans le cas où une guerre éclatait dans la région. Les conflits territoriaux, notamment avec la Malaisie au sujet du détroit de Johor, sont aussi à prendre en considération, même s’ils ont fait l’objet d’un arbitrage en mai 2008.

Et puis, dans un environnement vu comme hostile, il faut compter également sur les sentiments de vulnérabilité et d’isolement de Singapour, certains analystes allant même jusqu’à parler de « paranoïa ».

Pour toutes ces raisons, la Cité-État consacre 22% de son budget à ses forces armées, qui, formées sur le modèle israélien, comptent 70.000 militaires. Ne pouvant donc pas miser sur le nombre, Singapour a donc acquis des matériels de pointe et noué des alliances avec plusieurs partenaires, dont la France. Par exemple, les futurs pilotes de chasse singapouriens sont formés à Cazaux (Gironde), au sein du Squadron 150, doté de 12 avions d’entraînement M-346 Master.

Cet effort en matière de défense, qui s’élève à plus de 9 milliards de dollars, doit permettre aux forces singapouriennes de faire rapidement la décision en cas d’agression. Et cette haute technicité n’est pas incompatible avec le service militaire, qui, selon les grades, dure de 2 à 2 ans et demi. À l’issue, les conscrits sont versés dans la réserve opérationnelle et doivent passer des tests physiques tous les ans. Et cela, jusqu’à l’âge de 40 ans.

Visiblement, il n’est absolument pas question pour le gouvernement singapourien de renoncer à la conscription. Ce 7 février, Ng Eng Hen, le ministre de la Défense, a même estimé que le service militaire était « crucial » car Singapour « ne peut pas compter sur l’aide des autres dans un monde incertain ».

Le ministre, qui s’est exprimé à l’occasion du 50e anniversaire du service militaire, a pris l’exemple de la Lituanie, qui a récemment rétabli la conscription après l’avoir abandonnée il y a quelques années. « Au lieu de la stabilité, sont venus l’annexion de la Crimée et les troubles en Ukraine », a-t-il fait valoir, avant de citer également le cas du Koweït qui « a dû compter sur une coalition sous commandement américain pour chasser les troupes irakiennes », en 1991. Or, a-t-il continuné, « Singapour ne peut pas dépendre des autres si nous sommes pris dans une situation similaire. »

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