La Russie a été autorisée par l’ONU à livrer des armes à la Centrafrique

Il y a quelques jours, au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie a renouvelé une demande d’exemption à l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique afin de pouvoir équiper deux bataillons des Forces armées centrafricaines (FACa).

Cette requête russe avait été mise sous « procédure de silence », laquelle permet d’obtenir un avis favorable si aucun membre du Conseil de sécurité ne manifeste une quelconque opposition. Ce qui a finalement été le cas, même si la France, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient demandé à la Russie des précisions sur ses intentions.

« Notre seule demande est que la délégation russe fournisse les numéros de série des armes données au Comité chargé de contrôler l’embargo, comme ça on pourra suivre les armes entrant en Centrafrique. […] C’est une demande raisonnable et qui souligne l’importance de bien prendre en compte ensemble la protection physique, le contrôle et la sécurité des entrepôts, ainsi que la gestion des armes et munitions remises », avait alors expliqué un diplomate américain.

Visiblement, les réponses données par la Russie ont donc été satisfaisantes puisqu’aucun membre du Conseil de sécurité ne s’est opposé à sa demande. Aussi, depuis le 14 décembre au soir, elle est donc formellement autorisée à livrer des armes à la Centrafrique. Un premier lot devrait arriver à Bangui la semaine prochaine.

Dans le détail, la Russie va céder aux FACa 900 pistolets Makarov, 5.200 fusils d’assaut, 140 fusils de précision, 840 fusils mitrailleurs Kalachnikov, 270 lance-roquettes RPGs et 20 armes anti-aériennes. Le tout avec des munitions. Ces armes sont destinées aux deux premiers bataillons formés par la mission européenne EUTM RCA (soit 1.300 soldats, qui auront donc chacun 4 fusils d’assaut), appelés à être déployés à l’intérieur du pays en 2018.

« Nous sommes en train de prendre des précautions pour recevoir ces équipements. Nous devons mettre en place des systèmes de contrôle et de sécurisation afin que ces matériels militaires ne puissent pas tomber entre de mauvaises mains », a déclaré, à Jeune Afrique, Fidèle Gouandjika, conseiller spécial de Faustin-Archange Touadéra, le président centrafricain.

A priori, ces armes de coûteront rien à Bangui, une source diplomatique ayant indiqué qu’elles font partie d’un don accordé par Moscou.

La demande d’exemption à l’embargo sur les armes présentée par Moscou est probablement une conséquence de la visite effectuée par M. Touadéra à Sotchi, où il a rencontré Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, en octobre dernier.

« Les deux interlocuteurs ont réaffirmé la disposition des deux pays à accroître la coopération pratique dans le domaine politique, commercial, économique et social, ont constaté le potentiel significatif de partenariat en matière d’exploitation des réserves minières, ainsi que de livraison d’équipements industriels russes, de matériel agricole et d’énergie en Centrafrique », a rapporté l’ambassade russe à Bangui.

« La Russie n’a pas d’intérêts cachés, elle n’a jamais colonisé un pays et ce n’est pas avec nous qu’elle le fera », a [candidement?] fait valoir M. Gouandjika, dans les colonnes de Jeune Afrique. « C’est un marché très important que la France voulait obtenir : elle se battait aussi pour obtenir la même dérogation [que les Russes]. Mais nous avons conclu avec la Russie, parce que ces dotations nous coûtent moins que celles de la France », a-t-il ajouté. Surtout si elles sont gratuites…

Photo : Soldats centrafricains – (c) OR4 VERDUGO Daniel / EUTM RCA

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