Nord-Kivu : Les rebelles du M23 rendent les armes

En mars dernier, à l’intiative de la France, le Conseil de sécurité a adopté une résolution musclée prévoyant le déploiement, au Nord-Kivu, une région de la République démocratique du Congo (RDC) aux prises avec la violence depuis des années, d’une brigade d’intervention au sein de la mission de stabilisation de  l’ONU présente dans ce pays (MONUSCO), déjà forte de 17.000 hommes, avec l’autorisation de mener des « opérations offensives » de manière « solide, ultramobile et versatile » afin de « neutraliser » les groupes armées et « empêcher leur expansion ».

A l’époque, les rebelles du M-23 (Mouvement du 23 mars), un mouvement rassemblant les anciens membres tutsis du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), avaient fait les fanfarons à l’annonce de cette décision. « Nous attendons cette brigade. Tout le monde chante cette brigade. Les Congolais chantent cette brigade… On dirait le retour de Jésus », avait ironisé le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, leur porte-parole.

Convoitée pour ses ressources minières, le Nord-Kivu est une région instable, où les exactions, viols, pillages, exécutions sommaires sont monnaie courante. En outre, le M-23, créé au printemps 2012, bénéficierait du soutien de pays riverains, à savoir le Rwanda et l’Ouganda. Dans la foulée, de violents combats ont éclaté entre ce groupe rebelle et les forces régulières, provoquant ainsi l’exode de centaine de milliers de personnes.

Pendant un temps, M-23 et autorités congolaises ont par la suite tenté de discuter. Sans succès puisque les combats ont repris de plus belle en mai de cette année, alors même que la création de la brigade d’intervention de la Monusco venait d’être annoncé.

En août, une offensive lancée par les militaires congolais, appuyés par la brigade d’intervention de la mission de l’ONU, permet de déloger le M-23 des positions qu’il occupait au nord de Goma, ville qu’il avait conquise en novembre 2012. S’ensuit alors une nouvelle période d’accalmie afin de permettre la tenue de nouvelles discussions entre Kinshasa et les rebelles.

Début octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies est allé jusqu’à estimer qu’il n’y avait pas de solution militaire à la crise provoquée par les rebelles, crise qui ne pouvait être surmontée que par la voie politique…

Seulement, comment trouver un accord quand le M-23 exige, entre autres, l’amnistie et l’intégration dans les forces armées nationales de ses membres responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de violations graves des droits de l’homme? Comme l’on pouvait s’y attendre, ces discussions n’ont évidemment rien donné. Et, suite à ce nouveau constat d’échec, les forces armées congolaises (FARDC), toujours avec la brigade de la Monusco, reprennent, le 25 octobre, leur offensive contre les rebelles.

Rapidement, le M-23 perd du terrain. Cinq jours après la reprise des hostilités, le mouvement rebelle est chassé de Bunagana, son dernier grand fief. Plus tôt, ses combattants avaient dû se retirer de Rutshuru et de Kiwanja devant l’avancée des troupes gouvernementales.

En un peu plus d’une semaine et après les prises des collines de Chanzu et Runyonyi, les rebelles sont balayés, ce qui permet à Kinshasa de revendiquer une « victoire militaire totale ». Vaincus, les dirigeants du M-23 ont annoncé, ce 5 novembre, « de mettre un terme », à la « rébellion » et de « poursuivre, par des moyens purement politiques, la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création », c’est à dire l’intégration, toujours, des anciens rebelles pro-Rwanda du CNDP dans les troupes congolaises et leur mantien dans leur fief du Nord-Kivu.

« A cet effet, tous les chefs militaires de la rébellion sont priés de préparer les hommes des troupes au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion sociale dont les modalités sont à convenir avec le gouvernement de la RDC », a encore ajouté la direction du M-23.

Est-ce à dire que le Nord-Kivu va enfin connaître la paix et pouvoir panser ses plaies? Rien n’est moins sûr… Car il reste encore deux autres groupes rebelles importants, à savoir  les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et les islamistes des Forces démocratiques alliées (ADF).

« Si nous ne parvenons pas d’une manière ou d’une autre à neutraliser, désarmer, démobiliser ces groupes, nous n’avons guère d’espoir (pour une paix durable) », a confié, début octobre, Ray Torres, le responsable la Monusco. Et les ADF l’inquiète plus particulièrement.

« Elles ont un fond idéologique extrêmement fort, il s’agit d’un groupe islamiste extrémiste qui est en train de développer un réseau d’activités nous indiquant qu’elles prévoient de s’implanter », a-t-il expliqué, sans pour autant être en mesure de confirmer les renseignement du gouvernement ougandais, selon lequel elles auraient des liens avec les milices jihadistes Shebab somaliennes. « Un groupe au sein de la Monusco chargé d’enquêter à son sujet » a été mis en place, a-t-il précisé.

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