Espace : Dix anciens militaires font partie des astronautes retenus par la NASA pour les missions lunaires

Le général Philippe Lavigne a justifié le changement de nom de l’armée de l’Air, dont il est le chef d’état-major, par le fait que « l’espace est la prolongation évidente du milieu aérien » pour les aviateurs. Et il ne manque jamais de souligner que parmi les spationautes français, quatre sont issus de l’École de l’air [Jean-Loup Chrétien, Patrick Baudry, Michel Tognini et Jean-Pierre Haigneré] et un autre – Philippe Perrin – a rejoint l’armée de l’Air pour devenir pilote après avoir été diplômé de l’École polytechnique et fait son service national dans la Marine.

Cela étant, outre-Atlantique, s’engager dans l’US Air Force n’est pas forcément la meilleure des voix pour celui qui a le rêve de devenir astronaute. Sur les sept premiers aviateurs sélectionnés pour le programme Mercury, seuls Gordon Cooper, Gus Grissom et Deke Slayton en étaient issus. Et le premier en orbite fut John Glenn, qui venait de l’US Marine Corps. Les trois autres [Alan Shepard, Scott Carpenter et Wally Shirra] appartenaient initialement à l’US Navy… Comme d’ailleurs les trois plus « capés » de la Nasa dans les années 1960, à savoir Jim Lovell, Eugene Cernan et John Young, avec chacun trois voyages vers la lune à leur actif.

La lune justement… Comme il est dit dans le premier scénario que vient de remettre la « Red Team » de l’Agence de l’innovation de la Défense, qui réunit des auteurs de science fiction pour imaginer les conflits – possibles – de demain, « comme l’histoire l’a démontré, une civilisation qui stagne et refuse d’aller de l’avant est vouée à l’extinction. » Ce que le programme Artemis, que la Nasa est en train de conduire, va sans doute démentir.

Ce projet compte trois phases : Artemis 1 prévoit le lancement du Space Launch System avec le vaisseau Orion dans sa configuration opérationnelle mais sans équipage en novembre 2021. Puis Artemis 2 vise à placer quatre astronautes en orbite lunaire avant de le faire revenir sur Terre. Et Artemis 3 verra le retour de l’homme sur la lune. Sans doute en 2024 si la prochaine administration Biden ne remet pas ce calendrier – que certains jugent trop ambitieux – en cause. Cela dépendra probablement du successeur de Jim Bridestine, l’actuel directeur de la Nasa, qui a annoncé son départ.

Le 9 décembre, 18 astronautes ont été sélectionnés pour participer au programme Artemis [voir la liste ici]. Et 10 ont un passé militaire, parfois surprenant… Comme celui de Jonny Kim. Ce dernier est en effet un ancien Navy Seal qui a par la suite obtenu une licence en mathématiques avant de devenir docteur en médecine. Autre parcours atypique : celui de Kayla Bardon, laquelle a été la première femme américaine à servir à bord d’un… sous-marin [l’USS Maine, ndlr], après avoir été diplômée de l’académie navale d’Annapolis.

De passer des sous-marins à un vaisseau spatial n’est pas si incongru : Scott Carpenter fit l’inverse dans les années 1960, passant de la capsule Mercury au projet SEALAB II, dans le cadre duquel il passa 28 jours sous l’eau au large des côtes californiennes.

Quoi qu’il en soit, trois autres astronautes sont passés par l’US Navy. Et plus précisément par l’US Naval Test Pilot School, qui forme les pilotes d’essais. Tel est le cas de Matthew Dominick, de Victor Glover et de Scott Tingle.

L’US Marine Corps sera représenté dans cette promotion par Nicole Mann et Jasmin Moghbeli, également passées par l’US Naval Test Pilot School. Tout comme du reste Anne Mclain, qui y a obtenu son diplôme de pilote d’essai d’hélicoptère, bien qu’elle vienne de l’US Army, à l’instar de Frank Rubio. Ce dernier a un parcours également atypique : il a piloté un UH-60 Blackhawk en Afghanistan et en Irak avant de devenir… chirurgien.

Enfin, le colonel Raja Chari est le seul représentant de l’US Air Force. Diplômé de l’US Naval Test Pilot School, il a piloté des F-15E Strike Eagle, des F-16 Viper et… des avions embarqué F/A-18 Hornet. Mais il s’est aussi surtout occupé des essais du F-35A, en tant que commandant du 461st Flight Test Squadron.

L’US Air Force aurait pu compter deux astronautes dans l’équipe Artemis, si elle n’avait pas écarté la candidature de Kjell Lindgren pour devenir pilote. Écarté pour des raisons médicales, il a obtenu une licence de biologie et une maîtrise en physiologie. Ce qui lui a ouvert la voie des étoiles. Et peut-être de la Lune.

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