Défense européenne : La France tape du poing sur la table

Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, n’y est pas allé par quatre chemin lors d’une réunion avec ses homologues de l’Union européenne, le 24 septembre, à Gand (Belgique). La raison de son courroux? Certaines baisses trop importantes des dépenses militaires des Etats membres.

Ainsi, au rythme actuel des réductions des budgets alloués à la défense dans la plupart des pays européens, le Vieux continent, selon Hervé Morin, va devient progressivement « un protectorat », voire, dans 50 ans, un « condominium (*) sino-américain ».

« Les pays européens ont démissionné pour la plupart par rapport à une ambition simple, à savoir que les Européens aient un outil militaire leur permettant de peser sur les affaires du monde », a dénoncé le ministre français.

Le problème est que les dépenses européennes consacrées à la défense n’étaient pas élevées avant la crise économique, alors même que les achats d’armes au niveau mondial ont atteint des sommets ces dernières années.

D’où la crainte d’Hervé Morin de voir une Union européenne inexistante en matière militaire, avec les nouvelles restrictions budgétaires qui s’annoncent. Et son appel, lancé à Catherine Ashton, la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la sécurité, à « porter une ambition européenne » en matière de défense.

« Il faut une analyse des capacités que nous voulons garder en toute souveraineté, de celles que nous voulons mutualiser et de celles qui pourraient être (utilisées) en interdépendance » pour les Etats-membres qui en seraient dépourvus.

Exerçant la présidence tournante de l’Union européenne, la Belgique serait disposée à suivre la France dans cette démarche. Le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem « a annoncé qu’il saisirait les institutions européennes d’un certain nombre de propositions des Etats », dont celles de la France, a fait savoir son homologue français.

Ainsi, Pieter De Crem a indiqué avoir demandé à l’Agence européenne de défense (AED) d’étudier, d’ici au mois de décembre, les pistes d’une mutualisation accrue des moyens militaires des Etats membres. Selon lui, il s’agit de « mettre en oeuvre le traité de Lisbonne » qui n’a pas eu d’application concrète sur le plan militaire.

Les propositions de l’AED seront ensuite évaluées par Catherine Ashton. Cette dernière devra également « voir comment d’autres initiatives pourraient donner une réponse à des problèmes opérationnels » et en faire un rapport pour la prochaine réunion des ministes de la Défense des Etats membres de l’UE à la mi-décembre.

(*) En droit international, territoire sur lequel plusieurs puissances exercent une souveraineté conjointe.

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