Défense antimissile de l’Otan : François Hollande se dit « pragmatique »

Depuis novembre 2010 et l’adoption d’un nouveau concept stratégique, la défense antimissile (DAMB) fait désormais partie des missions de l’Otan. « Se défendre contre les missiles est indispensable. Nous faisons face à des menaces réelles » a répété Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, lors du sommet de Chicago, le 20 mai.

Ainsi, une trentaine de pays auraient les moyens de frapper l’Europe avec des missiles, dont l’Iran, qui dispose d’engins balistiques ayant une portée de 2.000 à 2.500 km. Cependant, cette analyse est loin de convaincre Moscou, qui, considérant que des Etats voyous n’ont pas, actuellement, la capacité de toucher le Vieux Continent, estime que cette DAMB vise surtout à amoindrir son potentiel de dissuasion et y voit un prétexte pour déployer des forces dans son ancienne zone d’influence. D’ailleurs, et alors que, il y a 18 mois, il était question d’une collaboration entre l’Otan et la Russie à ce sujet, les négociations sont actuellement dans l’impasse.

Résultat : Moscou a menacé, à plusieurs reprises, de déployer des missiles Iskander dans son enclave de Kaliningrad, située aux portes de l’Union européenne, et d’activer son propre bouclier antimissile. « Nous allons continuer notre dialogue avec la Russie et j’espère que, à un certain stade, la Russie réalisera qu’il est de notre intérêt commun de coopérer sur la défense antimissile », a fait valoir Anders Fogh Rasmussen.

En attendant, la mise en place du système antimissile de l’Otan se poursuit et sa première phase, dite de « capacité intérimaire », a été déclarée opérationnelle. Ce bouclier s’appuie des destroyers AEGIS de l’US Navy, basés en Espagne, des missiles intercepteurs implantés en Roumanie et en Pologne, ainsi que sur un radar d’alerte avancée installé dans la région turque de l’Anatolie. Le centre de contrôle et de commandement sera situé à Ramstein, en Allemagne. Les trois autres étapes devront être franchies d’ici 2018-2020.

« Il s’agit du premier pas vers notre objectif à long terme d’assurer une protection complète pour l’ensemble des populations, des territoires et des forces » des Etats européens, a précisé Anders Fogh Rasmussen.

Par ailleurs, la position du président Hollande, était attendue, dans la mesure où, pendant la campagne électorale, il avait exprimé des ses réserves, voire ses réticences, sur la défense antimissile. Finalement, le nouveau locataire de l’Elysée s’est montré « pragmatique ».

« J’avais moi-même au cours de la campagne présidentielle évoqué un certain nombre de réserves (…) qui en définitive ont pu être levées » a-t-il affirmé. « Je suis pragmatique pour faire que, sur le sujet du bouclier antimissile, toutes les précautions soient prises, toutes les conditions soient respectées. C’est le sens de toute bonne diplomatie » a-t-il aussi déclaré plus tôt.

Le premier de ces quatre principes figure déjà dans le concept stratégique de l’Otan à savoir que la défense antimissile « ne peut pas se substituer à la dissuasion nucléaire mais doit en être le complément ». En outre, le président Hollande a exigé que « nos industriels soient directement intéressés à la réalisation des équipements nécessaires ». Il a également un « contrôle politique de son utilisation » tout en veillant à ce qu’il y ait « une maîtrise des coûts » pour évirer « une dérive financière qui serait d’ailleurs insupportable pour les budgets des pays de l’Alliance ».

« Sur ces quatre principes, le communiqué final nous donne satisfaction » a assuré le président Hollande, qui, par ailleurs, insisté sur le « nécessaire » dialogue avec la Russie.

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