Cyberguerre de religion

Avant sa mort, Mahomet avait prescrit aux musulmans de prendre le Coran pour référence et annoncé qu’il n’y aurait plus de nouveau prophète après lui, ni de « messager divin. » Cependant, il n’avait pas désigné de successeur à la tête de la commauté musulmane. Finalement, ce fût son beau-père, Abou Bakr, qui fût choisi comme calife. Il sera ensuite remplacé par Omar, un autre beau-père de Mahomet, puis par Othman (son gendre), membre de la famille d’Omayya (Omayyades) puis par Ali, à la fois cousin et gendre du prophète.

Cependant, l’accession d’Ali au Califat provoqua des dissensions. Contesté par Moawiya, le cousin d’Othman et le gouverneur de Syrie, il fût assassiné à Koufa en 661. Profitant de l’occasion, Moawiya se fait nommer à son tour calife, ce qui eût pour conséquence la division de la communauté musulmane en deux courants : les chiites, restés fidèles à la famille d’Ali et à ses descendants et les sunnites (Ahl Sunna), qui se recommandent de la tradition définie par Mahomet. Le courant sunnite, qui est le plus important, se subdivise lui-même en quatre écoles juridiques (le hanafisme, le malékisme, le shafi’isme et le hanbalisme).

Les sunnites et le chiites s’opposent donc depuis ce schisme, né depuis près de 14 siècles. Cette rivalité, si elle s’est traduite par des conflits au cours de l’histoire, a trouvé un nouveau terrain d’affrontement avec le cyberespace.

En effet, selon l’agence Fars, près de 300 sites Internet chiites, dont le plus important, celui de la fondation de l’ayatollah irakien Ali Hussein al-Sistani, avaient été attaqués début septembre par des pirates présentés comme étant wahhabites, un des courants les plus rigoristes de la branche sunnite de l’islam, originaire de l’Arabie Saoudite.

En représailles, des hackers chiites s’en sont pris à des centaines de sites sunnites, dont celui de la chaîne de télévision par satellite Al-Arabiya, qui émet à partir de Dubaï mais dont les capitaux sont saoudiens. « Si les attaques contre les sites Internet chiites se poursuivent, aucun de vos sites Internet ne sera plus en sécurité » pouvait-on alors lire à la fois en anglais et en arabe sur la page d’accueil du site d’Al-Arabiya.

Selon le Washington Post, quatre des cinq principaux forums proches Al-Qaïda ont également été la cible de ces attaques qui ont été commises à partir du 10 septembre dernier, c’est à dire juste avant la date anniversaire des attentats de New York et de Washington.

A l’annonce d’un nouveau message des dirigeants de l’organisation terroriste, les forums qui lui sont affiliés sont régulièrement attaqués par des hackers dont il est compliqué de déterminer l’origine. Selon des experts, ce pourrait être des « activistes indépendants », écrit le quotidien. Cependant, les services de renseignement américains ont refusé de dire si ils pouvaient être à la source de ces piratages.

Les responsables des sites de la mouvance djihadiste réparent généralement assez vite les dégâts causés par les attaques en ligne. Sauf que cette fois, près de six semaines après avoir été piratés, deux des principaux sites servant à diffuser les communiqués d’Al-Qaïda et des groupes djihadistes affiliés sont toujours indisponibles.

Ainsi, l’adresse Al-ekhlass.net, qui est celle d’un forum où les messages des activistes islamistes sont mis en ligne, renvoie à une autre page qui propose le nom de domaine à la vente. Le site Alhesbah.net, qui est très utilisé par les djihadistes, est toujours inaccessible.

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