La Russie dit avoir produit un premier lot de torpilles nucléaires « dronisées » Poséidon

L’été dernier, la marine russe prit possession du K-329 « Belgorod », un sous-marin nucléaire de type Oscar II, modifié par le chantier naval Sevmash afin de lui permettre d’emporter des systèmes conçus pour opérer dans les fonds marins, comme le sous-marin [2000 tonnes de déplacement pour une longueur de 78 mètres] ainsi que la torpille « dronisée » à propulsion nucléaire Poséidon [code Otan : Kanyon], l’une des armes considérées comme « invincibles » par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin.

Le K-329 Belgorod « offre de nouvelles opportunités à la Russie pour la conduite de diverses études, d’expéditions scientifiques et d’opérations de sauvetage dans les zones les plus reculées du monde », avait commenté l’amiral l’amiral Nikolaï Ievmenov, le chef d’état-major de la marine russe, à l’époque.

Par la suite, le K-329 Belgorod fut repéré en mer de Barents, vers la fin septembre. Et, a priori, l’état-major tenait à le faire savoir étant donné que le sous-marin navigua en surface pendant un temps, ce qui permit à des satellites d’observation de le photographier. Puis, sa trace se perdit… Et les spéculations sur la nature de sa mission allèrent bon train, l’hypothèse étant qu’il allait effectuer un test de la torpille dronisée Poséidon…

Ce qui fut peut-être le cas. En effet, début novembre, CNN rapporta que le renseignement américain avait observé des navires russes « se préparer » pour un « éventuel essai » de la torpille Poseïdon. Seulement, rien de tel n’eut lieu. « Les États-Unis pensent que les Russes ont peut-être recontré des difficultés techniques », se risqua à affirmer la chaîne d’informations.

Quoi qu’il en soit, le 10 janvier, l’agence TASS a confirmé que ce déploiement du Belgorod avait bien un rapport avec des essais de la torpille Poséidon… Ou du moins, avec une maquette de cette nouvelle arme.

« L’équipage du sous-marin nucléaire à usage spécial ‘Belgorod’ a terminé une série d’essais de lancement de la maquette de la torpille Poséidon », a en effet affirmé l’agence de presse russe, citant une « source proche » du ministère de la Défense. L’objectif de ces test, a-t-elle expliqué, était de « vérifier le fonctionnement du système de lancement » de la torpille Poséïdon, et en particulier le « comportement du sous-marin à différentes profondeurs ». Et cette campagne aurait été concluante [ce que l’on ne peut pas confirmer…].

Mais pensant ces essais, un premier lot de « Poséidon » a été produit. C’est en effet ce que rapporte cette même agence TASS, ce 16 janvier, en citant une « source industrielle ». « Les premières munitions Poséidon ont été fabriquées, le sous-marin Belgorod les recevra dans un futur proche », a-t-elle assuré.

Les détails sur la torpille Poséidon sont parcellaires… L’idée de sa conception remonterait à l’époque de la Guerre Froide, quand l’Union soviétique cherchait un moyen susceptible de dévaster les côtes des États-Unis [avec la torpille T-15, ndlr].

Dans un commentaire publié en juillet 2022, l’US Naval Institute estime que cette nouvelle munition russe « enfreint toutes les règles traditionnelles de dissuasion nucléaire et de classification ». Et d’ajouter : « C’est une arme à propulsion nucléaire, possédant donc une portée théoriquement illimitée. Elle a le potentiel d’être à la fois une armes nucléaire stratégique et tactique tout en ne relèvant pas des définitions du traité [de désarmement] New START ».

Ce que l’on sait [ou croit savoir] au sujet de cette torpille Poséidon se limite à ce que Moscou a bien voulu en dire. D’une longueur de 24 mètres pour un diamètre de 2 mètres, cette arme, potentiellement « autonome » serait en mesure d’emporter une charge thermonucléaire d’au moins deux mégatonnes [d’autres sources annoncent 100 mégatonnes…]. Elle pourrait naviguer à la vitesse de 70 noeuds, à une profondeur de 1000 mètres.

Enfin, le K-329 Belgorod ne sera pas le seul sous-marin russe à en être doté. A priori, ce devrait être le cas du Khabarovsk et celui de l’Oulianovsk. Ces deux navires de 10’000 tonnes, issus du projet 09851, devraient être respectivement admis en service en 2024 et en 2025.

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