L’armée de l’Air envisage de faire tenir le rôle de « force adverse » à un prestataire privé français

Actuellement, l’Escadron d’entraînement 3/8 « Côte d’Or », basé à Cazaux avec ses Alphajet, assure des missions dites « Red Air », qui consistent à livrer une opposition aux pilotes de Rafale et autres Mirage 2000 dans le cadre de leur préparation au combat. Sous d’autres cieux, en particulier aux États-Unis, cette fonction est confiée à des entreprises de services de défense et de sécurité [ESSD] qui, au regard des besoins importants exprimés par les forces aériennes américaines, sont devenues des « poids lourds » du secteur.

Cette tendance n’est pas propre aux États-Unis… Selon l’Agence européenne de défense [AED], le besoin des forces aériennes européennes en prestations « Red Air » pourrait être de l’ordre de 20’000 heures de vol d’entraînement sur cinq ans. Soit un marché évalué à plus de 300 millions d’euros.

En effet, étant donné que l’accent est désormais mis l’hypothèse d’un engagement de haute intensité, la préparation opérationnelle devrait se « durcir »… avec des avions de combat censés jouer les « agresseurs » dotés de capacités accrues. Du moins, supérieures à celles d’un Alphajet.

Lors de son audition au Sénat à l’occasion du débat sur le projet de loi de finances 2023 [le compte-rendu vient d’être mis en ligne, ndlr], le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a été interrogé sur ce sujet.

« Pouvez-vous […] donner des éléments sur le Red Air? Une ou deux entreprises françaises se positionnent sur ce sujet. En l’absence de décisions, nous risquons de nous retrouver uniquement avec des offres américaines », lui en effet demandé le sénateur [LR] Cédric Perrin.

Pour le général Mille, il serait intéressant de « soutenir les initiatives nationales », d’autant plus que le besoin en prestations Red Air « est aussi exprimé par tous » ses homologues. « Nous avons tout intérêt à soutenir la création d’un champion Red air français pour répondre aux besoins qui se développent », a-t-il insisté… Mais par à n’importe quel prix.

« Il ne faudrait pas que le coût de l’heure de vol du Red air soit supérieur à celui que nous connaissons en générant l’activité en interne », a fait valoir le CEMAAE. « Les discussions se poursuivent aujourd’hui autour du modèle économique du Red Air pour garantir qu’il soit compétitif vis-à-vis des besoins d’entraînement », a-t-il ajouté.

Au moins deux entreprises françaises se sont lancées sur ce créneau. Ainsi, ARES [Advanced Redair European Squadron], née de la fusion entre SDTS et SECAREO, dispose actuellement une flotte de neuf Aermacchi MB339C, dans l’attente de pouvoir mettre en oeuvre des Mirage 2000 [elle s’intéressait à ceux du Qatar dernièrement…]. Des appareils que Procor est déjà en mesure de proposer, avec des Mirage 5DJ.

À noter que la Royal Air Force [RAF] a déjà franchi le pas, en sollicitant la filiale européenne de l’américain Draken International pour entraîner ses escadrons de chasse, suite à la dissolution du No. 100 Squadron, dont la mission était justement de tenir le rôle « d’agresseur ». Pour le moment, il s’agit d’une solution « provisoire », dans l’attente de la réalisation du programme « Next Generation Operational Training ».

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