Le missile antichar français AKERON MP embarque à bord du véhicule de combat d’infanterie suédois CV-90
Actuellement, les capacités de lutte anti-char de l’armée suédoise reposent en grande partie sur le missile NLAW [ou Rb 57] qui, produit par Saab Bofors Dynamics, a fait la preuve de son efficacité contre les blindés russes en Ukraine. Seulement, sa portée est limitée à 800 mètres. D’où la volonté de Stockholm de trouver un remplaçant au missile RBS-56, capable d’atteindre une cible à plus de deux kilomètres de distance, dans le cadre du projet RBS-58, mis sur les rails en 2017 par la Försvarets materielverk [FMV], l’administration suédoise du matériel de défense.
Cela étant, le Missile Moyenne Portée [MMP, désormais appelé AKERON MP], développé par MBDA France, a toutes les qualités requises pour succéder au RBS-56. Et c’est la raison pour laquelle il est au centre de la coopération établie en 2021 par la Direction générale de l’armement [DGA] et la FMV dans le domaine du combat anti-char.
En outre, la Suède a rejoint la France, la Belgique et la République de Chypre au sein du programme européen LYNKEUS, lequel vise à développer une capacité de tir au-delà de la vue directe [TAVD ou BLOS, pour Beyond Line of Sight] à partir de l’AKERON MP.
Dans les grandes lignes, le concept de LYNKEUS repose sur l’utilisation d’un mini-drone pour repérer de potentielles cibles situées au-delà de la vue et communiquer – via une liaison de données sécurisées – leurs coordonnées à un poste de tir de missile AKERON MP, dont la portée peut atteindre les cinq kilomètres.
En septembre, une démonstration de cette capacité a été réalisée avec succès, à Chypre. Celle-vi avait mobilisé un véhicule Sherpa [fourni par Arquus] doté d’une tourelle IMPACT munie de deux AKERON MP ainsi qu’un mini-drone NX-70 de Novadem.
Alors que le projet MARSEUS, financé à hauteur de 25 millions d’euros par le Fonds européen de défense [FEDef], permettra de continuer à la développer, cette capacité TAVD a récemment été évaluée sur un polygone de tir situé dans le nord de la Suède, avec un véhicule de combat d’infanterie CV-90 de BAE Systems Hägglunds, en présence de représentants des forces armées suédoises.
D’après MBDA, cet essai a consisté à associer le dispositif LYNKEUS au CV-90, afin de disposer d’une « capacité unique d’engagement des cibles dans des environnements complexes [urbains, forestiers, etc] grâce à la combinaison du verrouillage immédiat de la cible par AKERON en mode Lock-on before launch [LOBL], ou de l’acquisition de la cible en vol en mode Lock-on after launch [LOAL], sur la foi des informations fournies par le système de combat du blindé de BAE Systems Hägglunds, lequel est « relié à des systèmes plus larges de gestion du champ de bataille ».
Visiblement, le résultat a été concluant. « La capacité d’AKERON à engager des chars à des distances de 4 km, avec la possibilité d’un combat collaboratif via le système de combat CV90 en engageant une cible désignée de manière cybersécurisée par son micro-drone intégré LYNKEUS, est unique », s’est félicité MBDA.
Et l’industriel d’ajouter : « Les conditions de tir de l’essai ont été définies afin de mettre en évidence la complémentarité du système de combat avancé du CV90 avec la capacité unique d’AKERON MP / LYNKEUS, dans des conditions de combat hivernales pour les pays nordiques, avec un verrouillage réussi avant le lancement [LOBL] dans la bande TV. »
Pour rappel, muni d’une charge militaire polyvalente et d’un autodirecteur bi-bande visible/infrarouge non refroidi qui lui permet de frapper des cibles chaudes ou froides, l’AKERON MP est un missile dit de « 5e génération » reposant sur plusieurs technologies, dont la charge multi-effets, la liaison de données haute performance par fibre optique, le traitement d’image, les interfaces homme-machine, etc. Il a été qualifié pour les conditions de « froid extrème » en 2019, lors d’une campagne menée en Suède par la DGA.
Photo : BAE Systems Hägglunds
