La Royal Navy envisage d’équiper ses navires de combat avec des munitions rôdeuses

Ces dernières années, les munitions rôdeuses [que l’on dit aussi « téléopérées » ou « vagabondes »] ont montré leur efficacité sur le champ de bataille, que ce soit en Libye, au Haut-Karabakh et, plus récemment, en Ukraine. Mais, pour l’instant, elles sont surtout mises en oeuvre par des forces terrestres.

Pour rappel, une munition rôdeuse est en réalité un drone aérien doté d’une charge explosive. Piloté à distance, cet appareil peut être utilisé pour collecter du renseignement et, éventuellement, pour frapper une cible dite d’opportunité.

Or, selon un avis publié la semaine passée par la Defence Equipment & Support [DE&S], l’équivalent britannique de la Direction générale de l’armement [DGA] française, la Royal Navy s’intéresse de près aux capacités offertes par de tels dispositifs. En effet, celle-ci cherche un module de lancement intégré déployable pour les munitions rôdeuses, pouvant prendre place dans un conteneur appelé PODS [pour « Persistent Operational Deployment Systems »].

Selon la définition donnée par la Royal Navy, un PODS est un module interchangeable, de type « plug and play » [brancher et utiliser, ndlr] permettant de modifier les capacités d’un navire en fonction de ses missions.

L’avis de la DE&S précise qu’il s’agit d’abord de vérifier la viabilité d’un tel concept pour « éclairer » les décisions en matière « d’approvisionnement ».

Cela étant, cette idée n’est pas une idée neuve… En 2009, la Royal Navy avait déjà envisagé cette solution pour ses « destroyers » de type 45, en s’appuyant sur le « Fire Shadow », un projet de munition vagabonde conduit par MBDA pour les besoins de la British Army. Et les retours d’expérience [RETEX] de l’intervention en Libye [opération Ellamy], sous commandement Otan, avaient validé la pertinence de ce concept pour l’action contre la terre.

Catapulté depuis un navire, le Fire Shadow devait voler à 5000 mètres d’altitude, pendant six heures, avant de fondre sur sa cible. Seulement, la British Army annula ce programme… et il ne fut pas repris par la Royal Navy.

Plus récemment, le constructeur UVision Air Ltd, a indiqué, en 2020, avoir testé sa munition vagabonde Hero-30 dans un « environnement maritime », lors d’un exercice de l’Otan.

« Le système de munitions de haute précision et léger Hero-30 a été évalué par une force navale d’un membre majeur de l’Otan et a démontré ses capacités remarquables de frappes, de suivi et de verrouillage de haute précision sur une cible en mouvement dans divers scénarios navals opérationnels », fit valoir UVision Air Ltd, sans donner plus de détails.

Les munitions rôdeuses peuvent également être utilisés pour la lutte anti-navire. C’est en effet ce qu’expliquèrent trois officiers de marine américains dans une tribune publiée par USNI News, en décembre 2021.

Une munition rôdeuse présente plusieurs avantages, dont « sa capacité à déjouer les moyens d’autodéfense de l’adversaire en raison de sa faible signature radar, de son aptitude à voler à haute altitude [15’000 pieds] puis à plonger verticalement vers sa cible », avaient-il affirmé, en soulignant la possibilité de la faire évoluer avec d’autres, en essaim. « Ces qualités se combinent pour exploiter les faiblesses fondamentales de nombreux systèmes de combat modernes, dont la plupart sont orientés vers la détection et la destruction de gros missiles très maniables et volant à grande vitesse juste au-dessus du niveau de la mer », avaient-il ajouté.

Enfin, « les munitions rôdeuses peuvent également transporter des charges utiles non cinétiques pour bloquer, neutraliser ou même reconnaître et cartographier les systèmes et défenses ennemis dans le spectre électromagnétique « , avaient-ils conclu.

Photo : UVision Air Ltd

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