Airbus dit avoir testé avec succès une nouvelle « brique technologique » du Système de combat aérien du futur

Si les désaccords entre Dassault Aviation et Airbus à son sujet ont alimenté la chronique lors de ces derniers mois, l’avion de combat de nouvelle génération [New Generation Fighter, NGF] n’est que l’un des piliers du Système de combat aérien du futur [SCAF], programme mené dans le cadre d’une coopération entre la France à l’Allemagne et l’Espagne.

En effet, si le NGF en sera la pièce centrale, le SCAF vise à développer un réseau associant différents types d’aéronefs de génération différente et des « effecteurs connectés » [ou « remote carriers], c’est à dire des drones, « consommables » ou non, capables d’effectuer des missions de guerre électronique et de reconnaissance, voire de saturer une défense aérienne adverse. Ce qui suppose de mettre au point une technologie pour permettre à tous ces éléments de communiquer entre eux au sein d’un « cloud tactique ».

Partie prenante dans le développement d’un démonstrateur du NGF, Airbus a été désigné chef de file pour les 3e est 4e piliers du SCAF, c’est à dire pour les effecteurs connectés [avec MBDA pour partenaire principal] et le cloud de combat [avec Thales].

C’est ainsi que, en 2020, à l’occasion de l’exercice Timber Express, organisé par la Bundeswehr [forces armées allemandes], Airbus a dit avoir réussi à connecter la « Compact Airborne Networking Data Link » [CANDL] utilisés par des effecteurs à la Liaison 16, la liaison de données tactiques de l’Otan.

« Les effecteurs n’étaient pas seulement visibles de tous les avions de combat de la Luftwaffe [force aérienne allemande, ndlr] étant donné qu’ils pouvaient également recevoir et exécuter des ordres sans qu’il fût nécessaire d’apporter des modifications techniques aux appareils », avait expliqué Airbus, à l’époque, avant de souligner que cet essai réussi constituait non seulement une « première en Europe » mais aussi une « nouvelle étape vers un système de combat aérien du futur ».

Et une autre vient d’être franchie. En effet, le 9 décembre, Airbus a annoncé avoir mené une « première démonstration européenne en vol à grande échelle », laquelle a consisté à faire évoluer « deux avions de chasse, un hélicoptère et cinq drones » lors d’une « mission multi-domaine très proche d’une situation réelle », menée à la fin de l’été dernier, à Rovajärvi [Finlande].

« Avec le Multi-Domain Flight Demo, ou MDFD, nous avons démontré pour la première fois en Europe comment les capacités et les fonctionnalités d’aéronefs avec et sans équipage, peuvent interagir dans un scénario avec jusqu’à dix entités connectées, inspiré de situation réelle et dans des conditions quasi opérationnelles », a précisé Jean-Brice Dumont, directeur de la branche Military Air Systems chez Airbus.

Le scénario de cette expérimentation, conduite par des équipes d’Airbus, de MBDA Deutschland, de la Bundeswehr, des forces finlandaises, du groupe Patria, de Robonic et de la start-up HAT.rec, reposait sur la capture d’un « seigneur de guerre » d’un pays fictif.

« Des avions de chasse, un hélicoptère et des drones d’appui ont été connectés via un réseau CANDL qui leur a permis d’interagir de manière transparente au-dessus de Rovajärvi, en Finlande » et donc de mener la mission, a détaillé Airbus. Et d’ajouter : « Un avion Learjet 35 […] a fait office de chasseur de substitution, l’équipage à bord commandant les drones d’appui, représentés par cinq drones Airbus Do-DT25 modifiés ».

Parmi ceux-ci, deux étaient dotés de capteurs de mesure électroniques [ESM], fournis par MBDA Deutschland, pour détecter les systèmes de défense aérienne adverses. Quant aux trois autres, ils étaient munis de caméras électro-optiques pour, dans un premier temps, confirmer visuellement les positions des batteries sol-air hostiles. « Un second chasseur simulé faisant office d’avion de commandement et de contrôle était visible sur des écrans installés au sol, dans la tente où les représentants des forces armées allemandes et finlandaises ont suivi la démonstration », a précisé Airbus.

Une fois les défenses aériennes neutralisées, un hélicoptère H145M a répondu à un appel des forces spéciales au sol. L’appareil a pris le contrôle de l’un des DoDT25 équipés d’une caméra, recevant ainsi directement son flux vidéo afin de surveiller la zone d’approche et de renseigner les commandos.

Le « contrôleur tactique aérien avancé [JTAC], situé à proximité des troupes au sol, a pu coordonner l’attaque par échange de données tactiques [9-liner] avec l’hélicoptère et a partiellement pris le commandement et le contrôle d’un drone d’appui équipé de caméra électro-optique pour évaluer l’efficacité de l’opération », a indiqué Airbus.

Après cette expérimentation réussie, le « projet FCAS Manned-Unmanned Teaming Demonstrator va maintenant passer à la phase suivante : développer un véritable démonstrateur de drone
d’appui dans les années à venir », s’est félicité l’industriel.

À noter que, en février, Airbus avait diffusé une vidéo montrant un drone DoDT25 s’extraire de la soute d’un avion de transport A400M, puis communiquer avec celui-ci grâce à un dispositif appelé « Modular Airborne Combat Cloud Services » [MACCS]. Cette démonstration avait été réalisée avec le concours de la Luftwaffe, dans le cadre d’une initiative appelée « I4FCAS » [« Innovations for FCAS » ou « Innovations pour le SCAF »].

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