La Marine nationale serait « très intéressée » par un drone aérien embarqué à bord d’un porte-avions

Interrogé sur le Système de drones aériens de la Marine [SDAM] – qui connaît quelques difficultés – lors d’une récente audition au Sénat, l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] a visiblement botté en touche. Du moins, c’est ce que suggère le compte-rendu, qui vient d’être publié. En revanche, il a loué les mérites du Système de mini-drones pour la Marine [SMDM], qui, embarqué à bord des patrouilleurs de haute-mer [PHM], a été qualifié par la Direction générale de l’armement [DGA] en septembre.

« Un certain nombre de travaux ont été lancés, comme le SMDM, qui peut venir en soutien à des bateaux récemment armés comme à des bateaux ayant plus de 40 ans d’âge et qui n’ont pas de plateforme pour hélicoptère. Ce drone peut voler 3 heures et évoluer jusqu’à une trentaine de nautiques du bateau, ce qui lui donne une large capacité d’investigation », a en effet expliqué l’amiral Vandier aux sénateurs de la commission des Affaires érangères et de la Défense.

Même chose pour le drone aérien « Serval » [Système Embarqué de Reconnaissance Vecteur Aérien Léger] qui, basé sur le S-100 du constructeur autrichien Schiebel, est embarqué à bord des porte-hélicoptères amphibies [PHA]. Cet appareil « a été pour la première fois utilisé, en relai d’un hélicoptère, dans le cadre d’une opération de lutte anti-drogue réalisée au large du Sénégal », a rappelé le CEMM.

Le « Serval », dont un exemplaire a été perdu en novembre, dans le golfe de Guinée, par le PHA Tonnerre, peut aussi effectuer des vols de reconnaissance et de surveillance ou bien encore être utilisé dans des missions d’appui-feu naval.

Cela étant, l’amiral Vandier a également indiqué que, « à plus long terme », la Marine nationale est « très intéressée par les perspectives de drones de combat embarqués sur porte-avions », ce qui permettrait ainsi de « disposer d’un groupe aérien mixte ».

Une telle idée avait déjà été avancée en avril par l’ex-député Fabien Gouttefarde, alors soutien de M. Macron lors de la dernière élection présidentielle. Défendant la nécessité de doter la Marine nationale de deux porte-avions de nouvelle génération dans une tribune publiée par Marine&Océans, il avait estimé qu’il fallait ouvrir une « réflexion sur la réalisation d’un drone de combat [UCAV] embarqué, dérivé du nEUROn », un appareil développé dans le cadre d’une coopération européenne animée par Dassault Aviation.

Probablement qu’une telle réflexion sera engagée dans le cadre du Système de combat aérien du futur [SCAF], l’Espagne [également partenaire du projet nEUROn, ndlr] pouvant y trouver un intérêt pour ses capacités aéronavales, lesquelles reposent sur le porte-aéronefs Juan Carlos I.

Bien que n’étant pas partie prenante au SCAF [mais au Tempest, le projet rival lancé par le Royaume-Uni], l’Italie pourrait aussi être intéressée par une coopération pour ses deux porte-aéronefs [le Trieste et le Cavour, ndlr].

À moins que la Marine nationale noue une coopération avec la Royal Navy, qui a lancé des travaux en vue de doter ses deux porte-avions de drones aériens embarqués. Tel est en effet le sens de son projet Vixen, pour lequel le 700X Naval Air Squadron a évalué des Banshee Jet 80+ depuis le pont du HMS Prince of Wales.

À noter que, si la Turquie cherche aussi à mettre au point des drones aériens embarqués pour son porte-aéronefs TCG Anadolu, comme le Bayraktar Kızılelma, les États-Unis n’ont pas donné de suite à leurs projets en la matière. En effet, après des démonstrations réussies du drone de combat X-47B, conçu par Northrop Grumman, l’US Navy a donné la priorité au MQ-25 Stingray, un drone conçu par Boeing pour des missions de ravitaillement en vol et, accessoirement, de reconnaissance.

Quoi qu’il en soit, l’amiral Vandier a indiqué que l’on ne connaîtra le potentiel qu’il restera au porte-avions Charles de Gaulle qu’au début de la prochaine décennie.

« Il a été décidé de travailler au successeur du Charles de Gaulle car la cuve du réacteur nucléaire de ce bateau devrait atteindre sa fin de vie aux environs de 2040, sans certitude à quelques années près. Puisque les travaux de construction prennent quinze ans, le travail a d’ores-et-déjà été lancé. Nous saurons en 2030/2031 la date définitive de la fin d’exploitation du Charles de Gaulle », a en effet déclaré le CEMM. En fonction du constat qui sera fait lors de cette échéance, il n’est pas impossible que la Marine nationale puisse revenir, pendant quelques temps, à un format à deux porte-avions.

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