Des bombardiers chinois et russes ont effectué une mission au profil inédit près du Japon et de la Corée du Sud

Le 30 novembre au matin, en provenance de la mer de Chine orientale, deux bombardiers stratégiques chinois H-6K ont survolé les détroits de Corée et de Tsushima, pénétrant ainsi dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] de la Corée du Sud, laquelle n’est pas reconnue par Pékin [ni par Moscou].

La première intrusion chinoise dans l’ADIZ sud-coréenne a eu lieu à 5h48, à la verticale d’une zone située à environ 120 km au nord-ouest de l’îlot Ieo. Puis ils y sont restés pendant près de trente minutes. Puis ils sont de nouveau entrés dans la même ADIZ à 6h44, depuis un secteur située au nord-est de la ville portuaire de Pohang [sud de la péninsule coréenne], avant de mettre le cap vers la mer du Japon à 7h07.

Puis, ces deux H-6K ont rejoint quatre autres bombardiers stratégiques, en l’occurrence des Tu-95 « Bear » russes, ceux-ci étant alors escortés par au moins deux chasseurs-bombardiers Su-35MS. Cette formation a ensuite été repérée dans l’ADIZ sud-coréenne, où elle y est restée pendant un gros quart d’heure, entre 12h18 et 12h36.

Durant cette séquence, la force aérienne sud-coréenne [RoKAF] a fait décoller plusieurs avions de combat, dont des F-15K pour identifier et accompagner les bombardiers chinois et russes avant qu’ils ne pénétrent dans l’ADIZ dont elle est chargée d’assurer la surveillance.

Quoi qu’il en soit, la formation sino-russe a été rejointe, a priori, par deux chasseur J-16 de l’Armée populaire de libération [APL], ravitaillés en vol par un YY-20, alors qu’elle patrouillait dans un secteur situé entre les îles d’Okinawa et de Miyakojima, sous la surveillance des forces aériennes d’autodéfense japonaises.

Cette mission des bombardiers russes et chinois n’est pas une première. Plusieurs ont en effet été effectuées depuis juillet 2019. D’ailleurs, la première du genre avait donné lieu à un sérieux incident, des F-15 et des F-16 sud-coréens ayant procédé à plusieurs de tirs de semonce en direction d’un avion de guet aérien A50 Mainstay russe, celui s’étant aventuré à deux reprises dans l’espace aérien de la Corée du Sud, au niveau de l’archipel Dokdo [également revendiqué par le Japon].

Mais cette fois-ci, les avions russes et chinois n’ont pas regagné leurs bases respectives à l’issue de leur patrouille en mer de Chine orientale. C’est en effet ce qu’a indiqué le ministère russe de la Défense, via un communiqué.

« Les forces aériennes russes et chinoises ont effectué une patrouille conjointe dans la région Asie-Pacifique, au-dessus de la mer du Japon et de la mer de Chine orientale. Ce vol conjoint a duré environ huit heures et, sur certaines étapes de leur itinéraire, les bombardiers […] ont été escortés par des avions de chasse d’États étrangers », a d’abord expliqué Moscou, soulignant qu' »aucune violation d’un espace aérien étranger n’a été commise » et que cette patrouille « a été effectuées dans le cadre d’un plan de coopération militaire russo-chinoise pour 2022 ».

Puis, la même source a indiqué que « pour la première fois lors d’une patrouille conjointe, des avions russes ont atterri sur un aérodrome en République populaire de Chine et des avions chinois sur un aérodrome en Fédération de Russie ». Aucun détail supplémentaire n’a été donné.

A priori, selon des informations diffusées via les réseaux sociaux, au moins un Tu-95MS s’est posé sur une piste située dans la province de Zhejiang, plus précisément à Hangzhou [sud-ouest de Shangaï]. Quant aux appareils chinois, rien a été dit au sujet du terrain où ils se sont posés en Russie. Cela étant, il est probable qu’ils aient rejoint la région de Vladivostok.

Quoi qu’il en soit, et malgré la guerre en Ukraine et la pression mise sur la Chine lors du dernier G20, cette patrouille « inédite » montre que Pékin n’a pas l’intention de revoir ses relations avec Moscou.

D’ailleurs, le 29 novembre, le président chinois, Xi Jinping, a dit vouloir un partenariat « encore plus étroit » avec la Russie dans le domaine de l’énergie, afin de « garantir sécurité énergétique internationale et la stabilité des chaînes d’approvisionnement ». En outre, ces derniers jours, il a été fait état de vols régulièrement effectués en Chine par des avions cargos de type AN-124 « Ruslan » appartenant à la compagnie russe « Volga-Dnipro » [au moins dix vols ont été constatés la semaine passée]. De quoi accréditer l’hypothèse d’un soutien chinois aux forces russes.

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