Le futur drone MALE européen sera équipé du système optronique Euroflir 610 du groupe français Safran

Lors d’une conférence de presse donnée en octobre 2020, Joël Barre, alors Délégué général pour l’armement [DGA], avait réfuté l’idée selon laquelle le futur drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen [ou « Eurodrone »] serait dépassé au moment de son entrée en service, en insistant notamment sur la sophistication des capteurs de nouvelle génération dont il allait être équipé.

À l’époque, celle-ci avait été repoussé à 2027, en raison des difficultés pour les États clients [Allemagne, France, Italie, Espagne] à trouver un accord avec les industriels impliqués, dont Airbus Defence & Space [maître d’oeuvre], Dassault Aviation et Leonardo. Et cela a alors que l’américain General Atomics venait de lever le voile sur un nouveau drone MALE, conçu pour opérer dans les espaces contestés à l’horizon… 2030.

En outre, les spécifications de cet « Eurodrone » ont été dictées en grande partie par l’Allemagne. Ce qui fait que cet appareil sera doté de deux turbopropulseurs et qu’il affichera la masse imposante de dix tonnes.

Quoi qu’il en soit, l’Eurodrone a pu enfin décoller en février dernier, l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr] ayant notifié à Airbus Defence & Space le contrat « MALE RPAS Stage 2 », celui-ci ouvrant la voie au développement et à la production de vingt systèmes, composés chacun de trois drones et de deux stations de contrôle au sol. Au passage, l’armée de l’Air & de l’Espace, qui espérait mettre en service cet appareil en 2025 devra s’armer de patience [à défaut d’autre chose…] puisqu’il est désormais question d’une livraison en 2030.

Cela étant, le groupe français Safran espérait jouer un rôle important dans ce programme européen. D’abord en fournissant les moteurs, en l’occurrence l’Ardiden TP3. Seulement, Airbus lui a préféré le Catalyst [ex-Advanced Turboprop, ou ATP], proposé par Avio Pro, filiale italienne de l’américain General Electric [GE]. Ce qui n’a manqué de prêter le flanc à la polémique.

Puis, Safran aurait pu avoir une bonne carte à jouer pour l’armement de l’Eurodrone, avec son kit A2SM [Armement Air Sol Modulaire] « Hammer ». Mais là encore, le groupe français dut déchanter, une solution américaine, reposant sur la GBU-49 « Enhanced Paveway II » de Raytheon, ayant été privilégiée.

Finalement, c’est par l’intermédiaire des capteurs de nouvelle génération, vantés par l’ex-DGA, que Safran montera à bord de l’Eurodrone. En effet, le 29 novembre, l’industriel français a annoncé que son système électro-optique ultra-longue portée a Euroflir 610 équiperait le futur drone européen.

« Safran Electronics & Defense a signé un contrat avec Leonardo pour développer et fournir le système électro-optique [optronique] aéroporté haute performance Euroflir 610 pour le programme Eurodrone », a en effet indiqué le groupe.

Dérivé de la boule optronique Euroflir 410, l’Euroflir 610 est un « optronique aéroporté de 25 pouces indispensable aux missions ISTAR du drone européen MALE [renseignement, surveillance, acquisition d’objectifs et reconnaissance] », souligne Safran.

Et d’ajouter : « Il fournira des performances d’observation et de désignation de cible inégalées à toute heure du jour ou de la nuit et dans des conditions météorologiques très dégradées, grâce à son télescope multispectral, sa stabilisation de la ligne de visée et sa géolocalisation précise de la cible ».

L’assemblage du premier prototype de l’Eurodrone, avec l’Euroflir 610, doit débuter en 2024.

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