Otan : Les quatre Rafale français déployés en Lituanie ne feront pas que de la police du ciel

En 2014, au lendemain de l’annexion de la Crimée par la Russie et de la sécession des deux régions ukrainiennes du Donbass, la France avait reforcé le flanc oriental de l’Otan en déployant quatre Rafale sur la base aérienne de Malbork [Pologne], dans le cadre de la mission Baltic Air Policing, laquelle vise encore à assurer des vols de police aérienne au profit des États de la Baltique.

À l’époque, l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] avait pris le soin d’effacer les insignes des Rafale envoyés en Pologne. Probablement parce que certains de ces appareils appartenaient au Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niémen », lequel jouit en Russie d’une popularité qui ne s’est jamais démentie depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Par la suite, l’AAE a surtout déployé des Mirage 2000-5 du Groupe de chasse 1/2 Cigognes au titre de Baltic Air Policing [désormais appelée « enhanced Air Policing » ou eAP]. Aussi, l’annonce de l’envoi de quatre Rafale de la 30e Escadre de chasse en Lituanie, marque un tournant.

Ces Rafale ont donc décollé de la base aérienne [BA] 118 de Mont-de-Marsan le 25 novembre, et mis le cap vers Šiauliai, où ils vont relever quatre JAS-39 Gripen C de la force aérienne hongroise. Des images de leur arrivée sur le sol lituanien ont ensuite diffusée par l’AAE et l’État-major des armées [EMA] sur les réseaux sociaux.

Un premier constat – qui relève de l’anecdote – est que, contrairement à la précédente mission en Pologne, les insignes des quatre Rafale n’ont pas été effacés. Et l’on remarque ainsi – sans surprise cependant – qu’ils appartiennent au « Normandie-Niémen » et à l’Escadron de chasse 3/30 « Lorraine ».

En outre, sur la vidéo publiée par l’EMA, on constate qu’au moins un de ces Rafale est équipé d’une nacelle désignation de cible et d’imagerie infrarouge, en plus de ses missiles MICA EM et MICA IR. Étant donné la qualité des images, il est difficile de dire avec certitude s’il s’agit d’un « pod » Damocles ou TALIOS, le second étant plus performant que le premier.

Quoi qu’il en soit, la présence d’un tel équipement pour des missions de police du ciel, qui consistent à intercepter et à identifier des avions aux abords de l’espace aérien des pays baltes peut étonner, même si celui-ci possède des capteurs permettant la reconnaissance et l’idenfication visuelle de petites cibles aériennes. Généralement, ces nacelles sont utilisées pour effectuer des frappes au sol et la reconnaissance de cibles, pas pour faire de la police du ciel…

Cela étant, la protection de l’espace aérien des pays baltes n’est pas la seule mission des avions engagés dans la l’opération eAP. En effet, ils sont aussi régulièrement sollicités pour des entraînements au profit des forces locales et des manoeuvres de l’Otan, comme Kumak 22, qui vient de se tenir dans le corridor de Sulwalki, secteur stratégique puisque, coincé entre la Biélorussie et l’enclave de Kaliningrad, il est le seul accès terrestre des États baltes aux pays membres de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique.

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