La frégate légère furtive « La Fayette » a été modernisée pour durer « au-delà de 2030 »

Si l’on s’en tient au format tel qu’il avait été défini par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, puis précisé par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, la Marine nationale doit aligner quinze navires de combat dits de « premier rang », savoir huit Frégates multimissions [FREMM], dont deux tournées vers la défense aérienne [les FREMM-DA Alsace et Lorraine, ndlr], deux frégates Horizon et cinq Frégates de défense et d’intervention [FDI]. Seulement, on en est encore loin du compte.

En effet, deux frégates Horizon et sept FREMM sont actuellement en service, la FREMM-DA Lorraine, récemment livrée à la Marine nationale, devant encore effectuer un déploiement de longue durée [DLD] afin de vérifer l’ensemble de ses capacités militaires. Quant aux cinq FDI, elles restent à constuire.

En attendant que celles-ci soient progressivement livrées, il a été décidé de doter trois des cinq frégates légères furtives [FLF] de capacités de lutte anti-sous-marine, afin d’en faire des navires de « premier rang ».

Dans le détail, il s’agit d’équiper chacune de ces frégates avec un sonar de coque actif/passif à basse fréquence Kingclip Mk2, des capacités de veille optronique améliorées et deux systèmes de défense anti-aérienne SADRAL, armés de missiles MISTRAL M3. La première FLF ainsi rénovée – le « Courbet » – a été remise par Naval Group à la Marine nationale en octobre 2021. La seconde vient d’être admise à nouveau au service.

« Le 24 novembre, la Marine nationale a prononcé la remise en service opérationnel de la frégate La Fayette rénovée », a en effet annoncé le ministère des Armées. Le navire « a réalisé une série d’essais à la mer et d’entraînements qui ont permis d’abord à la Direction générale de l’armement de prononcer le 15 septembre 2022 la réception des installations modifiées, puis à l’équipage de se les approprier et de confirmer la pleine disponibilité du bâtiment », a-t-il poursuivi.

Et d’ajouter : « Cette remontée en puissance s’est achevée par un stage de Mise en condition opérationnelle [MECO] d’une quinzaine de jours, réalisé sous la direction de la division « entraînement » de la Force d’action navale [FAN]. Ce stage a permis de qualifier l’équipage en vue des futures missions qui lui seront confiées ».

La FLF « Aconit » sera la prochaine à connaître le même sort. Ce qui fera que, en 2023, la Marine nationale disposera de treize navires de premier rang, dont huit FREMM, deux frégates Horizon et donc trois frégates légères furtives rénovées. Le format prévu ne pourra être atteint qu’une fois les FDI « Amiral Ronarc’h » et « Amiral Louzeau » livrées, c’est à dire en 2026.

Cela étant, et comme ce devrait être le cas pour les deux autres FLF concernées, cette « rénovation » de la frégate La Fayette, qui a commencé sa vie opérationnelle en 1996, permettra de prolonger sa durée de service « au-delà de 2030 » et de « contribuer à maintenir le format à 15 frégates de combat en attendant l’arrivée de l’ensemble des Frégates de défense et d’intervention », a souligné le ministère des armées.

Or, dernière de la série, la FDI « Amiral Cabanier » doit être livrée en 2029… C’est, du moins, ce qui était prévu jusqu’alors… Car il pourrait bien en aller autrement.

En effet, le 18 novembre, La Tribune a évoqué des « pistes d’économies » envisagées par le ministère des Armées dans le cas où la « trajectoire financière » de la LPM 2024-30 « ne collerait pas avec les ambitions du modèle ‘Armées 2030′ ». Et, parmi celles-ci, il serait question de reporter les livraisons des quatrième et cinquièmes frégates de défense et d’intervention à 2031 et à 2032. En outre, la Marine nationale pourrait faire une croix sur son quatrième bâtiment ravitailleur de forces [BRF].

Au Sénat, la toujours très bien informée commission des Affaires étrangères et de la défense a également eu vent de ces bruits de coursive… « Alors qu’on s’attendrait à une accélération, on n’entend en effet parler que de recherche d’économies, ce qui est pour le moins paradoxal », a ainsi lancé Cédric Perrin, rapporteur pour avis du programme 146 « Équipement des forces », le 23 novembre. D’autant plus que, a-t-il souligné, « il est d’ores et déjà acquis que plusieurs capacités n’atteindront pas le jalon 2025 fixé par la LPM ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]