Défense aérienne : Les Crotale NG de l’armée de l’Air et de l’Espace remplacés par des systèmes VL MICA?

En octobre, et alors qu’il était question de prélever dans la dotation de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] des systèmes de défense aérienne de courte portée Crotale NG pour les livrer aux forces ukrainiennes. Ils seront « particulièrement utiles dans la lutte anti-drones et contre les bombardements aériens », avait justifié Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.

« Nous en possédons douze [des systèmes Crotale] mais c’est un dispositif qui a vocation à être progressivement s’éteindre et à être remplacé par des Mamba, donc cela ne créera pas un manque pour l’armée française. Le but est de boucler cette opération dans les deux mois », avait par ailleurs précisé le ministre.

Cela étant, le remplacement des Crotale NG par des Mamba [ou SAMP/T, pour Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre] pouvait alors être étonnant dans la mesure où ces deux systèmes sont fondamentalement différents.

En effet, le premier a vocation à contrer la menace d’aéronefs volant à basse et à très basse altitude, grâce à son Mirador IV Doppler et à ses huit missiles VT1. Quant au second, il est en mesure d’intercepter tout avion et missile au-delà de 120 km de distance avec ses missiles Aster 30. L’AAE n’en compte que huit batteries.

Depuis, M. Lecornu a confirmé que deux Crotale NG ont finalement été cédés à l’Ukraine.

Quoi qu’il en soit, il est désormais question de renforcer les moyens dédiés à la défense sol-air, et de remplacer les Crotale NG de l’AAE. C’est en effet ce qu’a annoncé le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, lors d’une audition au Sénat, le 19 octobre dernier.

« Pendant vingt ans, nous avons opéré sur des théâtres où il n’y avait pas de menace aérienne, de sorte que nous avons favorisé d’autres domaines. Ces choix étaient cohérents avec le contexte des engagements », a admis le général Burkhard. « Le contexte a changé, et il n’est pas exclu pour l’armée de Terre ou pour la Marine de devoir intervenir dans un environnement où la supériorité aérienne n’est plus durablement acquise », a-t-il ajouté.

En outre, a continué le CEMA, la « menace des drones est également prise en compte dans la défense sol-air multicouches » et les « appareils sont très divers, allant de plusieurs tonnes jusqu’aux nanodrones, dont les modèles évoluent très rapidement de sorte que nous devons nous montrer agiles ».

À noter que plusieurs projets ont été lancés en matière de lutte anti-drones, comme le MILAD [Moyens mobiles de Lutte Anti-Drones], l’ARLAD [adaptation réactive de lutte anti-drone], le BASSALT, le marché PARADE [Protection déployable modulaire anti-drones] ou encore le système laser HELMA-P, développé par CILAS.

Par ailleurs, le système MAMBA va être modernisé, avec le missile « ASTER 30 B1 NT » et le radar terrestre multifonctions de nouvelle génération « Ground Fire 300 », mis au point par Thales. Enfin, « nous envisageons de remplacer le Crotale par le missile d’interception, de combat et d’auto-défense MICA VL », a affirmé le général Burkhard. « Tout cela est pris en compte dans la LPM [Loi de programmation militaire, nldr] en cours et dans les travaux préparatoires de celle à venir », a-t-il précisé.

Le système VL MICA NG repose sur le MICA NG qui, développé par MBDA, équipera les Rafale de l’AAE et de la Marine nationale.

« Après deux ans de développement du missile MICA Nouvelle Génération, la maîtrise que nous avons acquise dans la tenue des performances de ce tout nouveau missile air-air, nous permet aujourd’hui de proposer sur le marché son intégration sur les systèmes VL MICA de défense sol-air ou surface-air en toute confiance », avait par ailleurs commenté Éric Béranger, le Pdg de MBDA, en octobre 2020.

Dans le détail, le VL MICA NG « offre des capacités améliorées pour traiter les cibles atypiques [drones, petits aéronefs], ainsi que pour traiter les menaces futures, caractérisées par des signatures infrarouge et électromagnétique toujours plus réduites », assure MBDA, précisant que les « cibles classiques » pourront être interceptée « à plus longue distance ».

Photo : MBDA

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