Sous-marins : M. Macron assure que l’offre faite par la France à l’Australie « reste sur la table »

Quand, en septembre 2021, elle fit part de son intention de se procurer huit sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] dans le cadre de son alliance avec les États-Unis et le Royaume-Uni [AUKUS] et donc d’annuler la commande de douze sous-marins de type Shorfin Barracuda [ou classe « Attack »] passée auprès de Naval Group, l’Australie ne s’attendait sans doute pas à la montagne de difficultés qu’elle aurait à surmonter.

Outre les complications diplomatiques avec la France qu’elle a provoquées [mais qui se sont depuis atténuées à la faveur d’un changement de gouvernement à Canberra], cette décision risque de donner lieu à une rupture capacitaire, les sous-marins de type Collins mis actuellement en oeuvre par la Royal Australian Navy [RAN] ne devait pas avoir suffisamment de potentiel pour tenir jusqu’à la livraison des premiers SNA. Et cela alors que les tensions avec la Chine ne cessent de croître.

Au-delà de ce risque, l’Australie doit relever plusieurs défis, comme l’a récemment souligné Richard Marles, son ministre de la Défense. « Nous avons choisi la voie nucléaire. Mais l’ampleur de ce que cela signifie en termes d’efforts est énorme », a-t-il dit, début novembre, lors d’une conférence du Submarine Institute of Australia. Il s’agira en effet de construire les infrastructures idoines pour abriter les futurs SNA, de former les équipage et les techniciens ainsi que de mettre en place une base industrielle et technologique robuste… Ce qui suppose de très lourds investissements, qui plus est dans un domaine – le nucléaire – pour lequel l’Australie n’a aucun savoir-faire.

Pour le moment, le ministère australien de la Défense n’a pas encore choisi le modèle de SNA dont il entend doter la RAN. Le choix pourrait se faire entre le Virginia américain et l’Astute britannique. À moins qu’il ne soit décidé de rejoindre le programme SSN[X] que l’US Navy espère voir se concrétiser au milieu des années 2030 [une enveloppe de 237 millions de dollars a été demandée dans le budget 2023 pour le financement de la recherche et le développement]. Ou bien le projet SSN[R] lancé par la Royal Navy en 2021.

Quoi qu’il en soit, il est probable que la marine australienne ait à se doter d’une capacité « interimaire ». La Corée du Sud surveille cette affaire de près, son industrie naval étant en mesure de proposer des sous-marins d’attaque à propulsion classique de type Dosan Ahn Chang-ho [ou KSS-III]. De même que le suédois Saab, avec son modèle A26 [ou classe Blekinge].

Et la France se tient en embuscade… En septembre, il a en effet rapporté que Paris venait de proposer de fournir à l’Australie quatre sous-marins « Shortfin Barracuda », lesquels seraient construits à Cherbourg.

Est-ce cette offre que le président Macron avait en tête quand il a évoqué le sujet des sous-marins australiens à Bangkok, où se tient acutellement le sommet « Asie-Pacifique »? Ou bien était-ce le contrat annulé en 2021?

Toujours est-il que le président français a déclaré que l’offre de coopération sur les sous-marins avec l’Australie était encore d’actualité. « Elle est connue, elle reste sur la table », a-t-il dit, le 16 novembre, au lendemain d’un entretien avec Anthony Albanse, le Premier ministre australien, en marge du sommet du G20, à Bali.

« On verra comment ils [les Australiens] s’adaptent aux difficultés », a continué M. Macron, en référence aux défis que l’Australie doit relever pour se doter d’une flotte de SNA. « Pour le moment, ils n’ont pas décidé de changer de stratégiue sur ce sujet », a-t-il relevé. Mais « il y a un choix fondamental qui est de savoir s’ils produisent ou pas des sous-marins chez eux ou s’ils décident d’aller vers le nucléaire ou pas », a-t-il continué.

« La solution française offre à l’Australie une alternative qui garantit sa liberté et souveraineté », a encore insisté Emmanuel Macron, rappelant que les douze Shortfin Barracuda commandés par Canberra auraient dû être construits à Adélaïde.

Quant à la situation dans l’Indo-Pacifique, M. Macron a rappelé la stratégie française. « Dans cette région très contestée, qui est le théâtre d’une confrontation entre les deux premières puissances mondiales […] notre stratégie est : défendre la liberté et la souveraineté, des équilibres préservant les libertés maritimes, des échanges culturels équilibrés, des échanges économiques, le développement de technologies sans qu’un modèle hégémonique ne l’emporte », a-t-il détaillé.

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