Son économie étant dans le rouge, le Royaume-Uni n’augmentera pas ses dépenses militaires en 2023

En mars dernier, quand il n’était que député du Parti conservateur britannique après avoir dirigé le Foreign Office, Jeremy Hunt plaida en faveur d’une hausse significative des dépenses militaires de son pays, en les portant « au moins » au même niveau que celles des États-Unis, soit à 3,5% du PIB. « La paix vient de la force, pas de la chance », fit-il valoir, dans un commentaire sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Par la suite, d’autres responsables britanniques allèrent dans le même sens. Ce fut le cas de Liz Truss, qui, alors qu’elle affrontait Rishi Sunak pour succéder à Boris Johnson au poste Premier ministre, fit la promesse de porter les dépenses militaires à 3% du PIB d’ici à 2030.

Un objectif que ne pouvait que partager Ben Wallace, le ministre de la Défense [MoD]. D’ailleurs, il en fit une condition pour apporter son soutien à Mme Truss. « Sans ce changement, nous nous dirigeons vers moins de 2%. Mais selon les prévisions actuelles, cela représente environ un budget de 100 milliards de livres sterling en 2029-30. Nous sommes actuellement à 48 milliards de livres sterling. Voilà donc la différence. En huit ans, c’est une somme énorme », expliqua-t-il en septembre.

Seulement, la situation politique a depuis changé… Ainsi, Mme Truss a démissionné à peine deux mois après son arrivée au 10 Downing Street. Et elle a été remplacé par Rishi Sunak, qui était chancelier de l’Échiquier [le ministre des Finances, ndlr] en mars. Or, cette fonction est désormais assurée par… Jeremy Hunt. Quant à Ben Wallace, il a de nouveau été confirmé au ministère de la Défense [MoD]. Mais pour combien de temps?

En effet, les indicateurs économiques du Royaume-Uni ayant viré au rouge, avec une inflation de 11% [ce qui ne s’était plus vu depuis plus de quarante ans], en raison notamment de l’envolée des prix de l’énergie, une dette et un déficit publics qui grimpent, un taux de chômage [3,6%] qui tend à augmenter et un PIB qui se contracte [-1,4%]… Et le tout sous l’oeil [vigilant] des marchés financiers qui causèrent la perte de Liz Truss… Ceux-ci ayant fort peu goûté le « mini-budget » d’inspiration keynésienne qu’elle avait dévoilé le mois dernier.

Aussi, dans de telles conditions, M. Hunt ne sera pas en mesure d’augmenter le budget militaire britannique au niveau qu’il avait préconisé il y a huit mois… Pas pour le moment, du moins.

Ce 17 novembre, lors de la présentation des grandes lignes du budget 2023 à la Chambre des communes, le nouveau chancelier de l’Échiquier a en effet déclaré que les dépenses militaires seraient « maintenues à au moins 2% du PIB pour être cohérent » avec l’engagement du Royaume-Uni envers l’Otan. Ce qui, avec l’inflation et le recul du PIB, se traduira mécaniquement pour les forces britanniques par une baisse des moyens financiers.

Cela étant, M. Hunt a déclaré que M. Sunak et lui-même « reconnaissent la nécessité d’augmenter les dépenses de défense ». Et d’ajouter : « Mais avant de prendre cet engagement, il est nécessaire de revoir et de mettre à jour la revue stratégique de défense », publiée avant l’invasion de l’Ukraine. « J’ai demandé que ce travail vital soit achevé avant le prochain budget », a-t-il dit.

Reste que le ministère britannique de la Défense s’en tire plutôt bien… le budget présenté par M. Hunt prévoyant en effet des coupes importantes dans les dépenses publiques, assorties de 55 milliards de livres de hausses d’impôts.

Par ailleurs, le ministre britannique a rappelé que le soutien militaire fourni à Kiev par Londres a atteint 2,3 milliards de livres sterling depuis le 24 février. C’est la « deuxième contribution la plus élevée au monde après celle des États-Unis, ce qui démontre que notre engagement en faveur de la démocratie et des sociétés ouvertes reste inébranlable », a-t-il souligné.

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