Artillerie : Pour la première fois, un CAESAr ukrainien a été détruit lors d’une action de combat

Depuis qu’ils ont été remis à Kiev après avoir été prélevés dans la dotation de l’armée de Terre et modifiés par Nexter afin de les adapter aux systèmes de commandement et de contrôle [C2] ukrainiens, les 18 CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm] démontré leur efficacité. Mais ils ont fait l’objet de plusieurs rumeurs propagées par Moscou et ralayées jusqu’en France…

Par exemple, l’une d’elles, apparue le 20 juin, affirmait, en que deux de ces CAESAr avaient été « capturés » par les forces russes, avant d’être remis à Uralvagonzavod, l’un des plus importants fabricants de blindés russes.

« Les vérifications avec les autorités ukrainiennes ont prouvé qu’aucun canon CAESAr n’est portée disparu », fera valoir l’État-major des armées [EMA], avant de souligner que les Russes « sont les spécialistes de la désinformation et de la manipulation de l’information » et qu’il fallait « replacer ça dans le contexte actuel de lutte informationnelle, avec de nombreuses fausses informations colportées notamment sur les réseaux sociaux ».

Quelques jours plus tard, le ministère russe de la Défense affirma qu’une « unité de CAESAr de fabrication française » avait été détruite sur l’île de Kudansky. Puis, une vidéo censée montrer la frappe en question fut diffusée via les réseaux sociaux. Sauf que la pièce détruite n’était pas un CAESAr mais… un système 2S7 Pion de l’armée ukrainienne, alors engagé dans les opérations du Donbass.

Cela étant, comme l’armée ukrainienne utilise intensivement les 18 CAESAr qui lui ont été livrés, le risque que l’un d’eux soit un jour détruit ne pouvait qu’être élevé. Et c’est ce qui vient d’arriver selon des images diffusées par le projet Ukrainian Weapons Tracker, via Twitter.

Le CAESAr en question se trouvait à Maksymivka [oblast de Donetsk] quand il a été touché au niveau de sa cabine, a priori par une munition rôdeuse de type « Lancet », produite par ZALA Aero Group, une filiale du groupe Kalachnikov. D’une portée maximale de 40 km, cet engin peut être armé d’ogives explosives ou à fragmentation. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il a détruit des obusiers M777 [fournis par les États-Unis], des blindés [dont un char T-64} ainsi que de systèmes de défense aérienne BUK et S-300.

Le sort des servants ukrainiens est incertain. Avant la frappe, une portière de la cabine du CAESAr était semble-t-il ouverte, ce qui suggère que celle-ci était inoccupée au moment de l’impact. Et on devine, sur la vidéo, des silhouettes s’éloigner du véhicule.

A priori, c’est la première fois qu’un CAESAr est perdu durant une action de combat. Le conditionnel est de mise car il est difficile de connaître le sort de ceux qui ont été livrés à certains pays [la Thaïlande a utilisé les siens durant des affrontements avec le Cambodge et il a été dit – sans que cela ait été confirmé – que l’Arabie saoudite en aurait déployé près du Yémen].

Quoi qu’il en soit, la perte de ce CAESAr illustre, si besoin en était, la nécessité de doter l’armée de Terre de capacités anti-aérienne de courte portée [SHORAD] et de moyens de lutte anti-drones [LAD], ceux-ci reposant notamment sur le projet ARLAD [Adaptation Réactive pour la Lutte Anti-Drones].

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