L’Italie envisagerait d’envoyer au moins un système de défense aérienne SAMP/T « Mamba » en Ukraine

Après avoir renoncé à s’emparer de Kiev et de Kharkiv, les forces russes ont reçu l’ordre d’évacuer Kherson, la capitale de la région du même nom récemment annexée à la Russie. Ce mouvement, présenté par Moscou comme étant un retrait tactique » vers la rive sud du fleuve Dniepr, a permis à l’armée ukrainienne d’en faire aisément la reconquête.

Reste maintenant à voir la suite… Et il faudra surveiller en particulier la situation autour du barrage de Kakhovka, dont la destruction entraînerait l’inondation de Kherson et de plus de 80 localités des environs. Pour rappel, Kiev a accusé les forces russes de l’avoir miné tandis que Moscou a affirmé qu’il avait été endommagé par une frappe ukrainienne.

Cela étant, depuis octobre, les forces russes visent régulièrement les infrastructures critiques ukrainiennes, comme les centrales électriques et les réseaux de distribution d’eau, notamment avec des munitions vagabondes Shahed-136 [ou Geran-2] et des drones fournis par l’Iran. Ce soutien de Téhéran à Moscou pourrait franchir une étape supplémentaire avec la livraison de missiles balistiques.

Aussi, Kiev insiste pour obtenir des systèmes de défense aérienne auprès de ses soutiens occidentaux. Or, livrer une telle capacité aux forces ukrainiennes n’est pas aussi simple. Ainsi, les blindés anti-aériens Gepard fournis par Berlin risquent de manquer de munitions de 35 mm, la Suisse ayant mis son veto à un transfert de 12’000 obus produits par son industrie.

Quoi qu’il en soit, l’Ukraine a toutefois obtenu certains systèmes qu’elle attendait, dont l’une des quatre batteries IRIS-T SLM promises par l’Allemagne et les premiers systèmes NASAMS et ASPIDE, respectivement livrés par les États-Unis et l’Espagne.

Des missiles – anciens – Hawk sont également prévus. De même que trois ou quatre systèmes CROTALE NG français, prélevés sur les douze que compte actuellement l’armée de l’Air & de l’Espace. Pour celle-ci, il n’est évidemment pas question de se séparer de ses huit batteries Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T] « Mamba », acquises dans le cadre d’un programme mené conjointement avec l’Italie, via le consortium Eurosam [Thales et MBDA, ndlr].

En revanche, il semblerait que Rome envisage d’envoyer en Ukraine au moins une batterie SAMP/T sur les cinq que possède le 4e régiment d’artillerie anti-aérienne « Peschiera » de l’Esercito Italiano. C’est en effet ce qu’a confié un responsable du gouvernement italien à Reuters.

Et la presse transalpine s’est fait l’écho des mêmes bruits de coursive. « Notre pays est prêt à fournir un système de défense antimissile à l’Ukraine pour aider à repousser l’invasion russe », a ainsi rapporté l’agence ANSA, après avoir évoqué un entretien téléphonique entre Guido Crosetto, le ministre italien de la Défense, et Lloyd Austin, son homologue américain. Et de rappeler que Rome peut également envoyer des systèmes Skyguard-Aspide et des missiles Stinger.

Jusqu’à présent, les autorités italiennes ont été très discrètes sur la nature de l’aide militaire octroyée à l’Ukraine. Depuis février, cinq envois d’armes ont été décidés par le gouvernement alors conduit par Mario Draghi.

Et Georgia Meloni, qui vient de lui succéder à la présidence du Conseil après avoir remporté les dernières élections législatives avec le mouvement conservateur « Fratelli d’Italia », entend garder la même ligne. D’où la préparation d’une sixième tranche d’aide. Celle-ci aurait pu être débloquée plus tôt mais la « position du gouvernement Meloni était de clarifier d’abord avec les alliés de l’Otan ce dont Kiev avait exactemement besoin et les capacité que Rome était en mesure de fournir », explique Start Magazine.

Cela étant, cet envoi éventuel d’une batterie SAMP/T en Ukraine pose plusieurs problèmes. Le premier est que l’Esercito Italiano n’en a que cinq exemplaires… Et leur utilisation demande une formation qui peut être longue. Or, l’armée ukrainiennne manque de temps pour cela. Enfin, au niveau politique, Mme Meloni doit composer avec ses deux alliés que sont Matteo Salvini, le chef de la Ligue, et Silvio Berlusconi, celui de Forza Italia. Or, ceux-ci ne cachent pas leur sympathie pour Vladimir Poutine, le président russe. En outre, l’opposition, du moins celle incarnée par le Mouvement cinq étoiles, est réticente face à l’aide militaire apportée à Kiev.

Par ailleurs, le don d’au moins une batterie SAMP/T pourrait avoir des conséquences sur le programme SAMP/T de nouvelle génération, qui, conduit en partenariat avec la France, a été notifié en mars 2021 à Eurosam, via l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr].

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