Pour un groupe de réflexion, le Gripen serait l’avion de combat idéal pour la force aérienne ukrainienne

Avant le début de la guerre déclenchée par la Russie, l’Ukraine envisageait de remplacer les MiG-29 « Fulcrum » et les Su-27 « Flanker » de sa force aérienne par des chasseurs-bombardiers occidentaux, dans le cadre du plan « Air Force Vision 2035 ». Et un appel d’offres, d’un montant total de 7,5 milliards d’euros, devait être lancé à cette fin. Le Rafale, le F-35A et le F-16 Viper faisaient partie des candidats cités.

Évidemment, depuis le 24 février, ce plan n’est plus d’actualité… Pour autant, l’Ukraine n’a pas renoncé à se procurer des chasseurs-bombardiers auprès de ses partenaires occidentaux… D’autant plus que ses MiG-29 et Su-27 sont mis à rude épreuve. Au-delà des pertes subies, la question de leur maintien en condition opérationnelle [MCO], et donc de leur potentiel, se pose.

Il est en effet très compliqué pour Kiev de s’approvisionner en pièces détachées, même si quelques pays de l’Otan disposent encore de MiG-29. Et si il a été envisagé, pendant un temps, de céder ces appareils à la force aérienne ukrainienne. La Pologne a été prête à le faire, de même que la Slovaquie… Mais ce sujet n’est plus évoqué actuellement.

Cela étant, et à plusieurs reprises, les autorités ukrainiennes ont surtout demandé des avions de combat américains, notamment des F-16, des F-15, voire des F/A-18. Ils « permettraient de faire pencher la balance de notre côté. Nous avons un plan pour recycler nos pilotes et notre personnel technique aussi vite que possible. Pour que l’on puisse maîtriser de tels appareils rapidement, une décision doit être prise maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », avait ainsi justifié le général Serhii Drozdov, chef d’état-major de la force aérienne ukrainienne jusqu’en 2021.

Mais comme pour les chars de combat, les États-Unis sont réticents à livrer de tels avions à l’Ukraine, même si un amendement voté en juillet par le Chambre des représentants lors de l’examen a Loi d’autorisation de la Défense nationale [National Defense Authorization Act – NDAA], a ouvert la voie à la formation de pilotes ukrainiens au « combat air-air » à bord de F-15 et de F16. « Ce que nous voulons faire, c’est évidemment envoyer un message pour autoriser le processus », avait expliqué le parlementaire à l’origine de cette initiative.

Cependant, une autre type d’avion serait mieux adapté aux besoins de l’Ukraine. En effet, dans une note publiée le 4 novembre, le Royal United Services Institute [RUSI], un groupe de réflexion britannique, que le JAS-39 Gripen C/D serait un candidat idéal pour équiper l’aviation de combat ukrainienne. Et cela pour plusieurs raisons.

Au-delà des aspects politiques inhérents à la livraison de chasseurs-bombardiers de facture américaine à l’Ukraine, de tels appareils nécessitent des infrastructures et une chaîne logistique compliquées à mettre en place, notamment en l’état actuel de la situation. Et même si une telle décision était prise maintenant, cela ne changerait rien au fait que les bases aériennes ukrainiennes seraient toujours à la merci de frappes de missiles russes. D’où l’avantage qu’offre le Gripen.

« Il convient de noter que parmi les avions de combat occidentaux actuellement disponibles […], le Saab Gripen C/D est de loin le candidat le plus approprié en termes d’exigences opérationnelles. Il a été conçu dès le départ pour une maintenance aisée et il peut être ravitaillé et bénéficier d’un entretien de base assuré par une équipe de seulement six techniciens au sol sur de petites bases aériennes ou sur des autoroutes », souligne le RUSI.

Effectivement, le Gripen C/D a été conçu de manière à limiter toute dépendance à l’égard des bases aériennes, plus vulnérables. Aussi, sa maintenance a été simplifiée et elle ne demande qu’une formation technique minimale [des appelés du contingent peuvent l’assurer, sous la direction d’un technicien chevronné]. Ce qui permet en outre de réduire les délais entre chaque sortie aérienne [10 à 20 minutes]. Enfin, ses coûts d’exploitation sont peu élevés [par rapport à un appareil américain].

En outre, rappelle le RUSI, le Gripen C/D dispose d’une suite électronique mise au point spécifiquement pour contrer les chasseurs et les défense aérienne russes. Et il est en mesure d’emporter le missile air-air à très longue portée Meteor ainsi que de l’armement anti-navire.

« Depuis avril, les pilotes russes ont été extrêmement réticents à s’aventurer dans l’espace aérien ukrainien en raison des pertes subies lors des premières tentatives. La menace des systèmes de défense aérienne et des MANPADS [missiles anti-aériens tirés à l’épaule] a façonné leur comportement et limité considérablement leur efficacité », relève le groupe de réflexion britannique. « Par conséquent, même quelques avions de combat occidentaux modernes, équipés de missiles à longue portée, […] auraient probablement un effet dissuasif disproportionné », estime-t-il.

En Europe, seulement trois pays disposent de Gripen C/D : la Suède, qui les remplacera par des Gripen E/F, plus évolués, la République tchèque [qui en loue auprès de Saab] et la Hongrie. Et il reviendrait aux seules autorités suédoises d’autoriser un éventuel transfert de ces appareils vers l’Ukraine. Ce qui est politiquement compliqué…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]