Le futur Système de drone aérien de la Marine connaît des « difficultés techniques »

Confié en 2017 par la Direction générale de l’armement [DGA] à un tandem formé par Airbus Helicopters et Naval Group, le programme SDAM [Système de drone aérien pour la Marine] repose sur le VSR-700, un prototype dérivé de l’hélicoptère civil léger Cabri G2, conçu par la PME française Guimbal. À terme, et comme le prévoit le plan stratégique Mercator, il doit permettre d’équiper les frégates dites de premier rang, en complément de leur hélicoptère embarqué.

Construit avec des matérieux composite, cet appareil peut voler à 5’000 mètres d’altitude, à la vitesse de 185 km/h grâce à un moteur de 145 ch. Le tout avec une endurance de huit heures. Ayant bénéficié d’un coup de pouce dans le cadre du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, présenté en juin 2020, ce programme suppose de relever plusieurs défis, dont l’appontage automatique « sur de petites plateformes de bâtiments de combat », avait expliqué, à l’époque, le ministère des Armées.

Par ailleurs, commentant l’exercice « Polaris 21 » dans les pages de la revue Conflits, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a récemment expliqué que la « composante drone » pouvait tenir un rôle important dans les opérations navales, « surtout avec les difficultés durables sur la disponibilité des hélicoptères Caïman ».

En mars, et alors qu’il avait réussi, quelques semaines plus tôt et grâce au système DeckFinder, des approches de décollage et d’atterrissage entièrement autonomes vers et depuis une plate-forme mobile lors de tests réalisés à terre, un Cabri G2 transformé en banc d’essai effectua ses premiers mouvements à bord d’un navire civil affrété pour l’occasion.

« Les modes d’appontage et de décollages semi automatiques et automatiques ont été testés avec succès par différents états de mer », s’était alors félicité Airbus Helicopters. Ce qui ouvrait la voie à des essais à bord d’une frégate.

Cependant, en juillet, le sénateur Cédric Perrin laissa entendre que ce programme était menacé. « Pour une fois qu’un matériel arrive presque à maturité, le choix de la marine risque d’aboutir à son abandon pur et simple. Qu’en est-il exactement? Quelles sont les difficultés rencontrées par ce programme, et quelle est votre position sur le sujet? », avait-il en effet demandé à Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition.

« Concernant le SDAM, les prochaines semaines sont décisives. Des essais de qualification déterminants pour la suite du programme sont prévus à l’automne », répondit celui-ci.

Certes, l’automne n’est pas encore terminé… Mais les essais « déterminants » n’ont pas encore eu lieu… C’est en effet ce qu’a indiqué l’amiral Vandier aux députés, le 13 octobre.

« Le programme SDAM est suivi par la Direction générale de l’armement. Les essais réalisés sur une plateforme ont permis d’en montrer tout l’intérêt mais, au moment de passer sur une frégate, le système a connu des difficultés techniques », a dit le CEMM. Et de préciser : « Ce programme sera examiné dans le cadre des travaux sur la loi de programmation militaire en vue d’assurer une convergence coût-performance-délai ».

Cela étant, d’après l’avis budgétaire concernant la Marine nationale, une campagne de démonstration en mer du SDAM serait prévue à bord d’une frégate multimissions [FREMM] dans le courant du premier semestre 2023.

« La capacité à être mis en œuvre sur un navire avec une forte dynamique et de forts angles de roulis et tangage n’étant pas disponible actuellement sur le marché européen, elle constitue l’enjeu technique principal de l’étude de levée de risques. Pour rappel, l’objectif d’état-major exprime le besoin de décoller et apponter sur des bâtiments de la Marine, en particulier FREMM et FDI, allant jusqu’à force 5 pour l’état de la mer », rappelle le document.

Reste que, par rapport au drone aérien Serval [nom donné au S-100 Camcopter de Schiebel], mis notamment en oeuvre par les porte-hélicoptères amphibies [PHA], le SDAM n’apporterait pas de capacités « décisives », faute, par exemple, de pouvoir emporter des munitions. En outre, trois fois plus lourd, il aura une capacité d’emport « seulement » deux fois plus élevée [100 kg contre 50 kg]. Enfin, les premiers exemplaires ne seront pas livrés avant 2028, voire 2029, ce qui est un horizon relativement lointain.

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