Plutôt que de livrer des chars Abrams à Kiev, Washington préfère moderniser d’anciens T-72 tchèques

Ce ne sera pas encore pour cette fois… Alors que, pour faire face à l’invasion de son territoire par la Russie, le gouvernement ukrainien a fait part, à plusieurs reprises, de son souhait de doter son armée de chars de combat modernes, comme le M1A2 Abrams américain ou le Leopard 2A, les États-Unis ne sont pour le moment pas disposés à lui donner satisfaction.

En effet, le 4 novembre, le Pentagone a donné le détail d’une nouvelle aide militaire destinée à l’Ukraine, d’un montant de 400 millions de dollars. Et une partie de cette somme servira à financer la modernisation de 45 chars T-72B actuellement en dotation au sein de l’armée tchèque, laquelle recevra par ailleurs 15 Leopard 2A4 dans le cadre de l’initiative allemande « Ringtausch », dans l’attente de finaliser une commande de 50 Leopard 2A7+.

Pour rappel, l’initiative « Ringtausch » part du principe qu’il est préférable de céder à l’armée ukrainienne des systèmes d’origine soviétique [ou russe] dont elle a l’habitude plutôt que de lui livrer des équipements de conception occidentale. Cependant, cette approche ne vaut essentiellement que pour les chars et les avions de combat. En matière d’artillerie, par exemple, Kiev a reçu des systèmes M142 HIMARS ou bien encore des obusiers automoteurs CAESAr et PzH2000.

Quoi qu’il en soit, les États-Unis sont sur la même ligne que l’Allemagne, par ailleurs sollicitée pour livrer à l’Ukraine des Leopard 2. Ce qu’elle refuse pour le moment. Les T-72B « sont des chars que les Ukrainiens savent utiliser sur le champ de bataille », a en effet justifié Sabrina Singh, la porte-parole adjointe du Pentagone, lors d’un point presse. En outre, a-t-elle ajouté, la « mise en service d’un nouveau char de combat est extrêmement coûteuse et ce serait une entreprise énorme pour les forces ukrainiennes, qui en ont des besoins urgents ».

Les chars tchèques destinés à l’armée ukrainienne seront modernisés avec l’intégration de nouveaux équipements, notamment en matière « d’optique, de communication et de protection », a détaillé Mme Singh. Les premiers T-72 pourraient être expédiés en Ukraine d’ici la fin de cette année.

Pour autant, a-t-elle précisé, les États-Unis « continuent de consulter » leurs alliés et partenaires pour voir « s’il est possible fournir [à l’Ukraine] des plate-formes blindées occidentales ». Mais « nous pensons que ces T-72 feront la différence sur le champ de bataille », a-t-elle conclu.

À noter que, l’été dernier, l’Espagne avait fait part de son intention de livrer à l’Ukraine des Leopard 2 mis sous cocon en 2012. Mais leur mauvais état, selon Madrid, fit que ce projet ne put se concrétiser.

Cela étant, cette modernisation des chars prélevés dans l’inventaire de l’armée tchèque se fera en coopération avec les Pays-Bas, ceux-ci ayant accepté de financer la remise à niveau de 45 autres exemplaires. Ainsi, un total de 90 T-72B seront donc prochainement livrés à Kiev.

Par ailleurs, l’aide militaire annoncée par le Pentagone comprend également un financement pour rénover les [vieux] missiles sol-air Hawk promis par l’Espagne à l’Ukraine et remettre en état 250 blindés 250 M1117 Guardian. Et il est aussi question de fournir à Kiev quarante embarcations blindés de patrouille fluviale supplémentaires ainsi que 1100 munitions rôdeuses de type « Phoenix Ghost ».

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