Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de la force européenne Althea en Bosnie Herzégovine

Depuis les accords de Dayton, signés en décembre 1995 afin de mettre un terme à l’affrontement entre ses différentes communautés, la Bosnie-Herzégovine est organisée selon deux entités autonomes, à savoir la « Fédération croato-bosniaque » et la « République des Serbes de Bosnie » [ou Republika Srpska, RS], lesquelles sont chapeautées par une présidence collégiale, assurée à tour de rôle par trois responsables – représentant chacun leur communauté – élus au suffrage universel direct.

Seulement, malgré ce système, les braises couvent encore sous les cendres d’un conflit que l’on pense éteint depuis maintenant près de trente ans. Ainsi, la Republika Srpska, proche de la Russie, s’oppose à l’adhésion de la Bosnie Herzégovine à l’Otan… et donc à la Fédération croato-bosniaque qui y est favorable. En outre, des dissensions, trouvant leurs racines dans le conflit des années 1990, subsistent entre les trois communautés, y compris entre Croates et Bosniaques.

Et, pour ne rien arranger, la Bosnie Herzégovine est aussi en butte à des luttes d’influence entre les Occidentaux et la Russie [voire la Chine]. Ainsi, la Republika Srpska, dirigée par Milorad Dodik, a des velléités d’indépendance… Un perspective qui déstabiliserait de nouveau les Balkans occidentaux et irait dans le sens des intérêts de Moscou. Du moins, telle est l’analyse faite les responsables européens et américains.

Aussi, les élections générales du 2 octobre dernier ont-elle été scrutées de près, notamment en Republika Srpska, où Milorad Dodik remettait son mandat en jeu face à Jelena Trivic, sa principale rivale.

Y-a-t-il eu des fraudes comme le prétend l’opposition, donnée victorieuse pendant un temps? Toujours est-il que, trois semaines plus tard, et après un recomptage des bulletins, la commission électorale a validé la réélection de M. Dodik à la tête de la Republika Srpska. Et toutes les plaintes déposées auprès des tribunaux ont été rejetées. D’où la manifestation organisée par les partis d’opposition, le 2 novembre, à Banja Luka, pour dénoncer des « résultats électoraux volés ».

Plus tôt, et alors que son sort n’était pas encore scellé par la commission électorale de la Republika Srpska, M. Dodik avait accusé l’opposition de « trahison » pour sa contestation du scrutin et mis en cause les Occidentaux [et plus particulièrement l’ambassade du Royaume-Uni en Bosnie-Herzégovine], de s’être « mêlés » de ces élections.

« Il est évident qu’il s’agit ici d’une attaque systématique contre la Republika Srpska […] et contre la volonté des citoyens […] avec l’objectif d’écarter Milorad Dodik du processus électoral », avait estimé Radovan Kovacevic, l’un de ses proches conseillers.

C’est donc dans ce contexte que la prolongation du mandat de la mission européenne EUFOR Althea, laquelle prit, en 2004, le relais de la SFOR, c’est à dire la force de stabilisation que l’Otan avait déployée en Bosnie-Herzégovine afin de faire respecter les accords de Dayton, devait être examinée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Or, rien n’était joué d’avance, la Russie ayant critiqué la décision de l’Union européenne [UE] de renforcer significativement l’effectif d’EUFOR Althéa peu après le début de la guerre en Ukraine. Cela étant, et dans le cas où ce mandat ne serait pas renouvelé, la diplomatie américaine avait prévenu que, en cas de blocage russe au Conseil de sécurité, les Occidentaux étudieraient des « solutions alternatives pour assurer la présence d’une mission internationale en Bosnie ». En clair, qu’il serait fait appel à l’Otan…

Fin octobre, le président des Serbes de Bosnie a affirmé qu’il demanderait au chef du Kremlin, Vladimir Poutine, de soutenir la prolongation du mandat d’EUFOR Althea, afin, justement, d’éviter un possible retour de l’Otan sur le territoire bosnien. Et il a été entendu.

En effet, le 2 novembre, les quinze membres du Conseil de sécurité ont autorisé, à l’unanimité, l’UE à prolonger d’un an EUFOR Althea. « Nous avons voté en faveur de l’extension du mandat pour un an » parce que le texte est « dépolitisé, purement technique », a justifié Anna Evstigneeva, la représentante russe. Cependant, a-t-elle ajouté, « nous voulons dire encore une fois que nous sommes inquiets concernant le doublement injustifié et toujours pas expliqué du contingent de la force européenne en 2022 ».

Mais la situation en Bosnie Herzégovine n’est pas la seule à être préoccupante… Celle du Kosovo l’est également, en raison de tensions persistantes entre la communauté serbe [établie dans le nord de cette ancienne province de Serbie] et les autorités de Pristina. Ainsi, un contentieux porte sur une mesure visant à contraindre la minorité serbe à remplacer les plaques d’immatriculation [serbes] de ses véhicules par celles délivrées par les autorités kosovares. Ce qui donne lieu à des poussées de fièvre chaque fois qu’il est question de faire entrer en vigueur cette décision, laquelle a déjà été reportée à plusieurs reprises.

Comme actuellement… l’utimatum lancé par Pristina à la minorité serbe pour qu’elle change ses plaque d’immatriculation étant arrivé à échéance le 31 octobre. La Serbie a ainsi fait savoir qu’elle venait de relever le niveau d’alerte de ses forces armées à la frontière avec le Kosovo. Et, le 2 novembre, le ministère serbe de la Défense a dit avoir neutralisé un « drone », a priori commercial. « Venant de la montagne Kopaonik, il volait vers des établissements militaires quand il a été abattu par des mesures de brouillage électronique », a-t-il précisé.

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