Otan/Lynx : Les conditions d’hébergement des militaires français en Estonie sont « rustiques »

Depuis 2017, l’armée de Terre est engagée dans la mission Lynx, en Estonie, dans le cadre de la présence avancée réhaussée [eFP] de l’Otan. Ainsi, un sous-groupement tactique interarmes [S/GTIA] est installé à Tapa, sous commandement britannique.

Peu après le début de la guerre en Ukraine, et qu’un S/GTIA à dominante blindée [avec 12 chars Leclerc], présent depuis un an à Tapa, venait d’être relevé par la compagnie « Viking » des forces armées danoises, Paris a finalement décidé de renforcer ce bataillon multinational présent en Estonie avec l’envoi d’un S/GTIA d’infanterie, armé par le 7e Bataillon de Chasseurs Alpins [BCA] de Varces.

Cette présence française devrait encore s’étoffer dans les jours à venir, avec le déploiement annoncé d’une compagnie d’infanterie légère renforcée, dotée de Véhicules Haute Mobilité [VHM], comme l’a annoncé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat, le 11 octobre.

En 2023, et selon le député François Cormier-Bouligeon, il est question de « projeter » en Estonie des Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] lourds Griffon ainsi qu’un peloton de chars Leclerc. Les conditions d’hébergement des militaires français auront-elles évolué d’ici-là?

Car, dans l’avis budgétaire sur les crédits alloués à l’armée de Terre en 2023 qu’il vient de rendre, le député avance que ces conditions d’hébergement sont pour le moment « rustiques » [promiscuité, nombre de toilettes et de douches limités]. Tel est, en tout cas, le constat qu’il a fait lors d’une visite à Tapa, en septembre dernier.

La raison tient à la décision de renforcer la présence militaire française en Estonie, prise en février dernier, la compagnie danoise s’étant installée dans le bâtiment jusqu’à alors occupé par le S/GTIA blindé qu’elle venait de relever. En clair, leur arrivée en Estonie n’étant pas prévue, les chasseurs alpins ont été logés à la va-vite.

« La rusticité du bâtiment d’accueil transitoire actuel [absence de volets notamment] contribue à une fatigue supplémentaire des troupes », note M. Cormier-Bouligeon. « Si les conditions de logement demeurent acceptables, en comparaison notamment avec d’autres théâtres d’opérations comme en bande sahélo-saharienne [BSS], la comparaison avec les infrastructures de meilleure qualité dont bénéficient aujourd’hui les autres forces alliées installées sur la base militaire de Tapa suscitent parfois des incompréhensions », poursuit-il. Cela étant, les militaires français devraient récupérer le bâtiment occupé par leurs homologues danois… mais en mars 2023, soit à la fin de l’hiver.

En outre, le député a aussi fait état de problème concernant le « stockage des matériels sensibles et le remisage des véhicules ». Ainsi, selon lui, les « forces déployées ne disposent pas des conditions de stockage toujours adaptées pour la ‘mise en hivernage’ des matériels du détachement et leur stockage dans de bonnes conditions ». Cependant, cela devrait s’arranger « dans les mois qui viennent », des travaux étant en cours. Et pour cause : selon le parlementaire, « l’armée de Terre prévoit d’investir 1,8 millions d’euros pour financer des infrastructures adaptées pour les maintenanciers et le stockage des matériel ».

Un autre point relevé par M. Cormier-Bouligeon concerne les conditions de travail des maintenanciers, qui « exercent actuellement dans un atelier de taille limitée, dans un bâtiment non chauffé et non initialement prévu pour être utilisé pour de la maintenance de véhicules ». Qui plus est, continue-t-il, cette zone, « commune avec les armées britannique et estonienne » est en outre « récupérable sous trente jour par l’armée américaine en cas de nécessité ».

« Cette situation apparaît problématique alors que l’hiver estonien est très rude. Enfin, le caractère rudimentaire de l’atelier n’est pour l’instant pas tout à fait adapté dans la perspective du maintien en condition opérationnelle des matériels Scorpion », fait valoir le député.

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