À cause des nouvelles difficultés d’Ariane 6, la mise en orbite du satellite militaire français CSO-3 attendra encore…

Si tout s’était passé comme prévu, la pleine capacité opérationnelle de la constellation des trois satellite CSO [Composante Spatiale Optique], issue du programme MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], aurait dû être prononcée en 2022, les deux premiers engins [CSO-1 et CSO-2] ayant respectivement été mis sur orbite en 2018 et en 2020 par un lanceur russe Soyouz, depuis le Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou, sous l’égide d’Arianespace.

Devant être placé sur la même orbite héliosynchrone phasée que celle de CSO-1 [à 800 km d’altitude] afin d’augmenter la fréquence de prise de vue des zones d’intérêt, CSO-3 aurait dû être lancé par une fusée Ariane 6 en 2021. Seulement, en raisons de « difficultés techniques imprévues », amplifiées par la pandémie de covid-19, Arianespace fut contraint de repousser de deux ans la mise en service de son nouvau lanceur, celle-ci étant alors prévue au second trimestre 2022.

Conséquence : afin de lever tout incertitude, le ministère des Armées décida, en décembre 2021, d’avoir de nouveau recours à un lanceur Soyouz pour mettre le CSO-3 sur son orbite. L’invasion de l’Ukraine par la Russie l’obligea à revoir sa copie… Moscou ayant cessé toute coopération dans le domaine spatiale avec les Occidentaux, en réponse aux sanctions économiques imposées par ces derniers.

Cela étant, ce contretemps n’avait encore rien de fâcheux… le premier vol d’Ariane 6 devant avoir lieu d’ici la fin de cette année, à l’issue d’une ultime campagne d’essais. Du moins le pensait-on… Car, ce 19 octobre, à l’issue d’une réunion entre le CNES, ArianeGroup, Arianespace et l’Agence spatiale européenne, il a été annoncé que la mise en service du nouveau lanceur ne pourrait pas avoir lieu d’ici le 4e trimestre 2023. Par conséquent, CSO-3 ne sera pas opérationnel d’ici-là… Sauf à avoir recours à un autre lanceur. Comme le Falcon9 de l’américain SpaceX?

En mars, le ministère des Armées ne s’était pas dit inquiet au sujet du retard de la mise en orbite de CSO-3. « Le décalage induit sera d’environ un an mais il n’y aura pas d’impact opérationnel à court terme », avait-il assuré, précisant que CSO-1 et CSO-2 fournissaient déjà un nombre d’images très important ».

Seulement, à moyen terme, il risque d’en aller autrement. Lors d’une audition parlementaire, en juillet, le numéro deux de l’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], le général Frédéric Parisot, avait souligné l’importance de CSO-3.

« Nous avons également constaté la nécessité de revisite », avait-il dit, dans une allusion au rôle que doit jouer CSO-3 au profit de la Direction du renseignement militaire [DRM]. En outre, ce retard aura également des conséquences pour le programme IRIS, appelé à prendre la suite de la constellation CSO. « Le lancement du satellite CSO3 a donc été décalé d’un an. En conséquence, le lancement de son successeur, IRIS, sera probablement également décalé d’un an », avait expliqué le général Parisot, à l’époque.

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