Le Royaume-Uni veut mettre fin au recrutement d’anciens pilotes de ses forces armées par la Chine

Jusqu’à présent, ce phénomène n’a été évoqué que du bout des lèvres en raison de sa sensibilité. Mais devant l’importance qu’il a pris, le ministère britannique de la Défense [MoD] a décidé de mettre les pieds dans le plat afin d’y mettre un terme.

En effet, depuis au moins trois ans, la Chine tente de recruter d’anciens pilotes militaires occidentaux en leur proposant des rémunérations très alléchantes. Y compris en France, comme le révéla le site Intelligence on Line, spécialisé dans les affaires liées au renseignement, en 2019.

Ainsi, selon celui-ci, la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense [DRSD], le service du ministère des Armées dédié à la contre-ingérence, s’inquiétait alors de l’intérêt de Pékin pour les anciens pilotes de Rafale, quelques uns d’entre eux ayant été approchés par des « sociétés chinoises, dans différents pays où ces appareils construits par Dassault ont été vendus ».

Il leur était alors proposé de « mener des séances d’entraînement » au profit de l’Armée populaire de libération [APL], laquelle voulait connaître les tactiques et les règles d’engagement en vigueur au sein des forces aériennes françaises. « Certains ont franchi brièvement le pas », avait affirmé Intelligence on Line.

D’autres aussi. À telle enseigne que le site spécialisé est revenu sur ce phénomène en mai dernier, affirmant que l’APL se formait à « guerre aérienne avec l’aide de pilotes occidentaux renégats », ceux-ci étant recrutés via la société Test Flying Academy of South Africa. Visiblement, les Britanniques auraient été relativement nombreux à franchir le pas, d’autant plus que le salaire proposé [240’000 livres sterling par an] est des plus tentants. D’où la diffusion d’une « alerte de menace » par le MoD, ce 18 octobre.

Pour mettre un terme à ce phénomène, Londres va « revoir les clauses de confidentialité et de non-divulgation des contrats », alors que déjà, et selon un porte-parole du MoD, « tous les personnels étant ou ayant été en activité sont soumis au Official Secret Act, qui interdit aux agents de la fonction publique de partager des secrets d’État avec des puissances étrangères ». Et d’ajouter : « La nouvelle loi sur la sécurité nationale va créer de nouveaux outils pour répondre aux défis de sécurité contemporains, y compris celui-là ».

D’après la presse britannique, Pékin aurait recruté une trentaine d’anciens pilotes de la Royal Air Force, de la Fleet Air Arm [aéronavale, ndlr] et de l’Army Air Corps.

L’Armée populaire de libération cherche « des pilotes occidentaux ayant une grande expérience pour l’aider à développer des tactiques et les capacités de ses forces aériennes », a souligné un responsable britannique cité par SkyNews. Et « tous les anciens pilotes qui ont accepté un tel emploi « contribuent à améliorer les connaissances et les capacités militaires de la Chine », a-t-il insisté.

Quoi qu’il en soit, a assuré un porte-parole du MoD, « des mesures décisives vont être prises afin d’arrêter le recrutement d’anciens pilotes britanniques pour former le personnel de l’Armée populaire de libération en République populaire de Chine ».

Le Royaume-Uni n’étant pas le seul concerné par ce phénomène, qui s’est en outre s’est accéléré de « manière significative » depuis la levée des restrictions liées à la pandémie de covid-19, il reste à voir si les autres pays occidentaux – à commencer par la France – prendront des mesures similaires.

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