Laser : La Commission européenne autorise le rachat de 63% du capital de CILAS par Safran et MBDA

Compte-tenu de l’importance qu’elles sont susceptibles de prendre dans les années à venir, en particulier en matière de lutte anti-drones [en permettant d’éviter le tir d’un missile surface-air coûteux], les armes à effet dirigé [ou laser] sont considérées comme prioritaires par la Direction générale de l’armement [DGA].

Ainis, en juin dernier, celle-ci a commandé un premier prototype opérationnel de l’arme laser HELMA-P auprès de la Compagnie industrielle des lasers [CILAS], dans le cadre du marché L2AD [Laser de lutte anti-drones], doté de 10 millions d’euros.

Or, cette PME, qui produit également des désignateurs laser [comme par exemple le DHY3], connaît actuellement des difficultés financières, avec une dette cumulée de 50 millions d’euros, conséquence d’un chiffre d’affaires en recul constant depuis 2018 [il s’est élevé à 27,25 millions l’an passé, ndlr] et d’un résultat net ayant chuté de 89,73% en 2021.

En outre, après le groupe Areva, qui cédé sa participation de 37% à Lumibird, chef de file européen dans le domaine des laser, son actionnaire ArianeGroup a récemment fait connaître son intention de se désengager de CILAS… et de revendre sa participation dans le capital de la PME.

Voyant l’occasion de créer une filière française unique dans le domaine des laser, Lumibird s’était mis sur les rang pour le rachat de la participation de 63% dans le capital de CILAS afin d’être seul aux commandes. Seulement, ArianeGroup annonça, en décembre 2021, être entré en négociations exclusives avec Safran Electronics & Defense [SED] et MBDA France, les deux industriels ayant alors l’intention de créer un co-entreprise ad hoc.

Lors de l’audition du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, au Sénat, la semaine passée, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, a évoqué le dossier CILAS, en réponse à une question du sénateur Olivier Cadic, inquiet de la tournure des évènements.

« L’arme laser, cruciale pour la lutte anti-drones, est une mission prioritaire pour nos armées, mais la France a pris du retard. La société CILAS, acteur indispensable en la matière, connaît une situation financière catastrophique, doublée d’une grave dépendance technologique envers les États-Unis. Seul un développement de son partenariat avec Lumibird, leader européen pour les lasers, est susceptible de retourner cette situation. Allez-vous prendre rapidement les mesures qui s’imposent? », a ainsi demandé le parlementaire.

« CILAS fabrique, entre autres, des armes laser. Lumibird est aussi un fournisseur mondial de diodes laser, notamment pour le domaine spatial. Le service des affaires industrielles et de l’intelligence économique [SIIE] de la Direction générale pour l’armement prend garde à ce que les actifs critiques pour la BITD [Base industrielle et technologique de défense] soient préservés », a d’abord fait valoir.

Et d’ajouter : « Le projet de reprise de CILAS est prêt. Nous attendons l’avis de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne […]. Nous espérons un avis positif, qui permettra la reprise par Safran et MBDA. […] Lumibird garderait ses parts et nous ferons en sorte de préserver le développement de la filière laser en France ».

En effet, certains concurrents de Safran et de MBDA se sont inquiétés de ce rapprochement avec CILAS, ce qui a motivé une enquête de la Commission européenne… Et celle-ci a annoncé son verdict, ce 17 octobre.

« La Commission a conclu que la concentration ne soulèverait pas de problème de concurrence compte tenu de son impact limité sur la structure du marché, ainsi que du fait que la nouvelle entité n’aurait pas la capacité de verrouiller l’accès des potentiels fournisseurs d’effecteurs lasers à un éventuel marché des systèmes d’armes laser. La transaction a été examinée dans le cadre de la procédure normale de contrôle des concentrations », a indiqué l’exécutif européen.

Reste maintenant à voir comment les nouveaux actionnaires de CILAS vont cohabiter… En tout cas, l’État, via l’Agence des participations de l’État [APE], s’est porté acquéreur d’une action de CILAS « auprès de la société ArianeGroup SAS, au prix de 2,47 euros », selon un arrêté paru au Journal Officiel en mars dernier.

L’État « va prendre une action dans Cilas pour pouvoir la transformer le moment venu, en action de préférence afin qu’il puisse avoir le même niveau de protection sur Cilas qu’il a aujourd’hui à travers l’action de préférence qu’il détient dans ArianeGroup », avait expliqué une source officielle à l’AFP.

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