Le chef de la diplomatie de l’UE parle « d’anéantir l’armée russe » en cas de frappe nucléaire en Ukraine

Si, à plusieurs reprises depuis le début de la guerre en Ukraine, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a laissé entendre qu’il pourrait avoir recours à l’arme nucléaire, la doctrine russe en la matière, revue en 2020, prévoit une telle éventualité en cas « d’informations fiables sur le lancement de missiles balistiques attaquant le territoire de la Russie et [ou] de ses alliés », « d’utilisation d’armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive par l’ennemi et ses alliés », d’un « impact d’une attaque ennemie sur les installations critiques et militaires du pays au point que la capacité de riposter avec des armes nucléaires est perturbée » et d’une « agression avec des armes classiques susceptible de menacer l’existence même de l’État ».

D’ailleurs, les forces ukraniennes ont mené plusieurs attaques en territoire russe [ou considéré comme tel par Moscou] sans que cela ait – fort heureusement – déclenché le feu nucléaire. En outre, la Russie peut mettre des moyens autres que nucléaires pour répondre à des menaces qu’elle jugerait inacceptables. La destruction du satellite Cosmos-1408 par un missile ASAT, en novembre 2021, rappelle, par exemple, que Moscou pourrait porter un coup rude aux économies occidentales, de plus en plus dépendantes de l’espace.

Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins qu’il faut prendre au sérieux la rhétorique nucléaire russe. Cependant, et comme l’ont souligné plusieurs responsables occidentaux, aucun changement n’a été observé, à ce stade, dans la posture nucléaire de la Russie.

« Nous n’avons aucune indication pour le moment que la Russie a changé sa posture nucléaire, mais nous la surveillons 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », a ainsi indiqué Lloyd Austin, le chef du Pentagone, le 12 octobre. Même le président Biden, qui avait dit redouter une « apocalypse nucléaire », est revenu sur ses propos dans un entretien accordé à CNN, estimant que son homologue russe n’ira pas jusqu’à utiliser l’arme nucléaire en Ukraine. « Je ne pense pas qu’il le fera », a-t-il dit.

De son côté, n’ayant pas non plus constaté de changement dans la posture des forces stratégiques russes, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a répété que les « menaces nucléaires voilées du président Poutine sont dangereuses et irresponsables ». Et d’ajouter : « La Russie sait qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ».

Aussi, les propos tenus ce 13 octobre par Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de de sécurité, auront été quelque peu « détonants ».

« Poutine dit qu’il ne bluffe pas avec la menace nucléaire. Il doit alors comprendre que les pays qui soutiennent l’Ukraine, l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis et l’Otan, ne bluffent pas non plus. Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse, pas une réponse nucléaire, mais une réponse militaire si puissante que l’armée russe sera anéantie », a en effet déclaré M. Borrell, devant le Collège d’Europe, à Bruges.

En tant que chef de la diplomatie européenne, M. Borrell n’a pas le mandat pour parler au nom de l’Otan, des États-Unis et voire des États membres… En outre, l’UE ne s’est jamais définie comme une alliance militaire [l’article 42-7 du Traité de l’UE n’a pas de clause de défense collective, ndlr] mais plutôt comme une « alliance avec un projet de défense ». Ce qui n’est pas exactement la même chose. Qui plus est, l’Ukraine n’a que le statut de candidat à l’Union…

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