Guerre en Ukraine : Minsk et Moscou vont déployer un « groupement militaire régional » commun

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Biélorussie affiche une position ambiguë, résumée le 4 octobre dernier par Alexandre Loukachenko, son président. « Quant à ‘l’opération militaire spéciale russe, nous y participons. Nous ne le cachons pas. Mais nous ne tuons personne. Nous n’envoyons nos militaires nulle part », a-t-il en effet déclaré lors d’une réunion dédié aux affaires de sécurité, selon l’agence de presse d’État BelTA.

Effectivement, la Biélorussie a mis plusieurs de ses bases à la disposition des forces russes… pour que celles-ci puissent ensuite envahir le nord de l’Ukraine. Et elle a également permis que son espace aérien soit utilisé pour des frappes contre des cibles ukrainiennes. Mais, jusqu’à présent, elle s’est gardée de s’impliquer directement dans la guerre.

Cela étant, M. Loukachenko a laissé l’impression de vouloir préparer les esprits à une éventuelle participation des forces armées biélorusses aux opérations russes. Comme en juillet dernier, quand il a affirmé que la Biélorussie était « confrontée à une guerre hybride à grande échelle », impliquant « à la fois des structures nationales mais aussi celles de l’Otan, spécialisées dans les psy-ops [opérations psychologiques, nldr] et les opérations subversives dans le cyberespace ».

Et d’ajouter, en faisant allusion à la campagne de Russie de Napoléon Ier et l’opération Barbarossa lancée par l’Allemagne nazie en juin 1941 : « Apparemment, les nouveaux ‘croisés’ de l’Otan ont soudainement décidé que le moment était venu pour un autre ‘Drang nach Osten’ [‘marche vers l’est’], oubliant comment des campagnes similaires se sont terminées pour leurs prédécesseurs ».

La semaine précédente, M. Loukachenko avait accusé l’Ukraine d’avoir tiré des missiles en direction de la Biélorussie. « Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles lancés par les forces ukrainiennes « , avait-il dit… alors qu’aucun élément de permettait alors de confirmer ses propos.

Quoi qu’il en soit, lors de la réunion du 4 octobre, l’homme fort de Minsk a précisé que cette participation biélorusse aux opérations russes visait à « empêcher la propagation du conflit sur le territoire de la Biélorussie » ainsi que des « frappes sous le couvert d’une opération militaire spéciale de la Pologne, de la Lituanie et de la Lettonie ».

En outre, peu après, il a été rapporté que des munitions rôdeuses [ou « drones kamikazes »] de type Shahed-136, fournies par l’Iran, avaient été livrées à la base aérienne de Luminets, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Ukraine.

« Il est possible que dans un avenir proche ces drones attaquent les régions occidentales ou centrales de l’Ukraine. Par conséquent, nous vous exhortons à ne pas ignorer les signaux d’alerte aérienne sous aucun prétexte », a d’ailleurs prévenu l’administration ukrainienne des forces territoriales de la région « ouest », le 7 octobre.

Ce qui semble s’être confirmé, ce 10 octobre, lors des frappes massives menées par les forces russes contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine. En tout cas, c’est ce qu’a affirmé l’état-major ukrainien. « L’ennemi a utilisé des drones iraniens de type Shahed-136 depuis le territoire de la Biélorussie et de la Crimée temporairement occupée », a-t-il en effet déclaré.

Or, dans le même temps, M. Loukachenko a annoncé, ce 10 octobre, la création d’un « groupement militaire régional » commun à la Russie et à la Biélorussie.

« Du fait de l’aggravation de la situation aux frontières occidentales de l’Union [russo-biélorusse], nous sommes convenu de déployer un groupement régional de la Fédération de Russie et de la République de Biélorussie », a-t-il justifié.

En outre, a-t-il continué, « l’entraînement en Pologne, en Lituanie et en Ukraine de combattants comprenant des radicaux biélorusses, pour mener des sabotages, des actes terroristes et un soulèvement militaire dans le pays, devient une menace directe ». Et d’ajouter : « Les États-Unis et l’Union européenne affirment qu’ils vont légitimer nos fugitifs comme une force politique, ils prévoient de renforcer sérieusement leur soutien à des éléments destructeurs et d’aggraver la situation à la frontière occidentale bélarusse pour y ouvrir un second front ».

Pour le moment, Moscou n’a pas confirmé la formation de ce groupement militaire régional commun. Formation qui, à en croire M. Loukachenko, a commencé il y a quarante-huit heures, soit juste après l’explosion survenue sur le Pont de Crimée. « Mon ordre a été donné pour que nous commencions à former ce groupement », a-t-il dit.

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