Des soldats russes et américains ont partagé un moment de « convivialité » en Syrie

Dans le nord de la Syrie, la cohabitation entre les forces russes et américaines est souvent tendue, que ce soit dans les airs ou sur terre. Ainsi, récemment, le général Alexus G. Grynkewich, le chef des forces aériennes de l’US CENTCOM, le commandement américain pour le Moyen Orient et l’Asie centeale, a dit avoir constaté une posture plus agressive de l’aviation militaire russe dans l’espace aérien syrien notamment depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

« Cela semble découler de l’arrivée [en Syrie] de commandants russes impliquées dans l’invasion de l’Ukraine et qui tentent de compenser leurs mauvais résultats. Pour moi, c’est très préoccupant. Je crois que certains de ces chefs russes essaient de se refaire une réputation », a ainsi confié le général Grynkewich, selon Air & Space Forces Magazine.

Au sol, les forces américaines et russes ont régulièrement connu des face-à-face ayant manqué de tourner à la confrontation. Notamment depuis que les États-Unis ont déployé des troupes dans le nord de la Syrie, afin de protéger les installations pétrolières et gazières pour le compte des Forces démocratiques syriennes [FDS], sur lequelles s’appuient la coalition anti-jihadiste [Opération Inherent Resolve, ndlr] pour combattre l’État islamique [EI ou Daesh].

De leur côté, ayant progressé jusqu’aux abors de la zone kurde [dont les milices forment l’épine dorsale des FDS, les forces russes et syriennes tentent de s’avancer vers les sites pétroliers, en particulier dans la province de Hassaké, sur l’autoroute M4, qui sert de ligne de démarcation.

D’où, malgré des accords dits de « déconfliction », des tensions récurrentes, avec le risque d’un incident sérieux, comme en août 2020, quand soldats américains et russes se livrèrent à un « rodéo » digne du film « Mad Max »… Rodéo qui se termina mal pour un blindé MaxxPro de l’US Army, dont les quatre occupants furent blessés.

Étant donné le constat établi par le général Grynkewich et, plus généralement, les tensions entre Washington et Moscou, en particulier au sujet de l’aide militaire fournie à Kiev, on pourrait s’attendre à de nouvelles rencontres « musclées » entre les patrouilles américaines et russes. Or, il n’en a rien été quand deux d’entre-elles se sont croisées dans les environs de la ville de Qahtaniyah, le 8 octobre.

Ainsi, relate l’AFP, au lieu de se croiser [et de se toiser], deux patrouilles, l’une russe, l’autre américaine, se sont arrêtées. Puis les soldats des deux camps « se sont tenus côte à côte pendant qu’ils parlaient et posaient pour des photos ». Et plusieurs d’entre eux ont même échangé des écussons en guise de souvenir. Un photographe de l’agence de presse a d’ailleurs pris plusieurs clichés de cette rencontre.

Pour le moment, on ignore si cette initiative a été prise spontanément, si elle a été décidée par l’une ou l’autre des parties, ou bien encore si elle a été approuvée par les commandements russe et américain… En tout cas, cette rencontre illustre sans doute le mot d’Alexandre Sanguinetti : « le guerrier ne fait que porter l’épée pour le compte des autres. C’est un seigneur, puisqu’il accepte encore de mourir pour des fautes qui ne sont pas les siennes, en portant le poids du péché et de l’honneur des autres » [Histoire du soldat].

Photo : archive

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