Reliant la Crimée à la Russie, le pont de Kertch s’est partiellement effondré après une explosion

Inauguré en 2018 par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, et symbole de l’annexion de la Crimée par la Russie, le « pont de Crimée », le plus long d’Europe avec ses 18 km, traverse le détroit de Kertch, lequel relie la mer Noire à la mer d’Azov. Avant la guerre en Ukraine, et sous couvert de prévenir tout sabotage, Moscou y avait renforcé sa présence militaire, ce qui revint à imposer une sorte de blocus économique des ports ukrainiens donnant sur la mer d’Azov, dont celui de Marioupol.

Depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine, le « pont de Crimée » est essentiel pour la logistique des forces russes basées en Crimée puisqu’il permet d’approvisionner celles-ci depuis le reste du territoire russe. D’où sa protection renforcée, avec, notamment, la mise en place de barges dotées de reflecteurs radar et de systèmes de défense aérienne.

En juillet, le Pentagone a estimé que le Pont de Crimée, dont la construction a coûté 3,5 milliards de dollars, pouvait être une « cible légitime » pour les forces ukrainiennes, même si celles-ci ne disposaient de missiles ayant une portée suffisante pour l’atteindre. Cependant, Moscou avait prévenu : même si le risque d’une attaque était faible, toute atteinte contre ce pont donnerait lieu à des représailles.

Or, ce 8 octobre, soit au lendemain du soixante-dixième anniversaire de Vladimir Poutine, le trafic, qu’il soit routier ou ferroviaire, y est à l’arrêt… le « Pont de Crimée » étant la proie des flammes, après une explosion près de wagons-citernes contenant de l’essence, survenue aux environs de 6h00 [heure locale].

Et, selon des images diffusées via les réseaux sociaux, au moins une des des travées s’est effondrée. Ce qu’a confirmé le Comité national anti-terroriste russe, qui attribue la cause de l’incendie à l’explosion d’un camion à proximité du convoi ferrovaire. « Il y a eu un effondrement partiel de deux travées routières du pont de Crimée, l’arc au-dessus de la partie navigable du pont n’a pas été endommagé », a rapporté Ria Novosti, via sa chaîne Telegram.

« Les ponts les plus difficiles à faire tomber sont en béton armé comme celui-ci [le Pont de Crimée, ndlr]. La quantité d’explosifs requises serait supérieure à celle que pourraient transporter des commandos de forces spéciales. Quelques camions ou missiles/bombes feraient l’affaire s’ils étaient dirigées vers les points névralgiques », a commenté Mick Ryan, un ancien général australien.

Pour le moment, les autorités ukrainiennes n’ont pas revendiqué leur responsabilité dans ce qui est arrivé au « Point de Crimée ». Cela étant, elles n’ont jamais caché que sa destruction était l’une de leurs priorités. « S’il y a une occasion de le frapper, nous la saisirons », avait ainsi prévenu Oleksiy Danilov, le secrétaire du Conseil ukrainien de la sécurité nationale et de la défense, en avril dernier.

Conseiller du président Volodymyr Zelinski, Mykhaïlo Podoliak s’est félicité des dommages infligés au Pont de Crimée. « C’est le commencement. Tout ce qui a été construit illégalement doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être rendu à l’Ukraine », a-t-il réagi, via Twitter. En août, il avait affirmé que ce pont « construit illégalement » portait « préjudice » à l’écologie de la Crimée » et qu’il devait être en conséquence « démantelé, volontairement ou non ».

Si l’explosion survenue sur le Pont de Crimée est bien le fruit d’une opération ukrainienne, alors le coup serait double pour Kiev : outre les difficultés supplémentaires qu’elle suppose pour l’effort de guerre russe et en raison du symbole qu’il représente, elle constituerait une « victoire » dans la lutte informationnelle qui l’oppose à la Russie.

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