La Pologne voudrait s’impliquer dans le concept de « Partage nucléaire » de l’Otan

Actuellement, dans le cadre du partage nucléaire de l’Otan, les États-Unis ont conservé une centaine de bombes nucléaires tactiques B-61, stockées dans des dépôts situés dans cinq pays, dont l’Allemagne [Buchel], la Belgique [Kleine Brogel], les Pays-Bas [Volkel], la Turquie [Incirlik] et l’Italie [Ghedi et Aviano].

Ce partage nucléaire repose sur le principe dit de la « double clé » : en clair, si ces cinq pays pourraient être amenés, le cas échéant, à utiliser les bombes B-61 dont ils disposent, le contrôle de celles-ci [et donc leur code d’armement] relève exclusivement des États-Unis. Et cela suppose pour les alliés concernés de disposer des moyens adéquats pour faire face à une telle éventualité.

D’où leur volonté de se procurer des chasseurs-bombardiers dits de 5e génération F-35. À noter qu’il n’est pas certain que, à l’avenir, la Turquie puisse maintenir sa participation au Partage nucléaire de l’Otan étant donné qu’elle a été exclue du programme F-35 après avoir mis en service des systèmes russes de défense aérienne S-400.

La Pologne pourrait-elle la remplacer, elle qui a commandé 32 F-35A? Son président, Andrzej Duda, le souhaite… C’est, en tout cas, ce qu’il a affirmé dans un entretien publié par l’hebdomadaire Gazeta Polska. Et cela, alors que le président russe, Vladimir Poutine, a brandi la menace nucléaire à plusieurs reprises depuis le début de la guerre en Ukraine.

« Le problème, tout d’abord, c’est que nous n’avons pas d’armes nucléaires. Rien n’indique que nous en aurons dans un proche avenir. Il y a toujours une opportunité potentielle de participer au programme de partage nucléaire. Nous avons demandé aux responsables américains si les États-Unis envisageaient cette possibilité. Le sujet est ouvert », a en effet affirmé M. Duda.

Le problème est que personne, à la Maison Blanche, ne semble être au courant de la demande de Varsovie. C’est en effet ce qu’a affirmé l’un de ses responsables à l’agence Bloomberg, laquelle a été invitée à s’adresser aux autorités polonaises.

Toutefois, plusieurs missions peuvent relever du Partage nucléaire de l’Otan, de la reconnaissance à la protection d’un raid, en passant par la mise à la disposition de chasseurs-bombardiers et, donc, au stockage de bombes B-61.

Mais, a priori, et d’après un diplomatie polonais sollicité par Bloomberg, il s’agirait bien pour Varsovie d’accueillir sur son sol des armes nucléaires sur son sol. « Cela serait dans l’intérêt de la sécurité de la Pologne, de la région et de toute l’Europe », a-t-il dit.

Seulement, et en l’état actuel des choses, il est peu probable que Varsovie obtienne satisfaction, même si cela pourrait être une réponse à l’éventuel déploiement d’armes nucléaires russes en Biélorussie, comme le permet désormais la Constitution de ce pays, modifiée en février dernier.

En effet, la Pologne ne dispose pas encore des F-35A qu’elle a commandés… Ce qui signifie qu’elle n’a pas les moyens de mettre en oeuvre les B-61 qui lui seraient éventuellement confiées. Ensuite, les États-Unis ont promis de ne pas déployer d’armes nucléaires chez les membres les plus récents de l’Otan, ce qui pourrait d’ailleurs contrevenir au Traité sur la non prolifération [TNP]. Enfin, cela ne changera pas grand chose à la posture de dissuasion de l’Alliance…

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