Les forces américaines ont visé plusieurs cadres de Daesh dans le nord de la Syrie

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la lutte contre les groupes terroristes semble passée au second plan, même si, cette année, les chefs de l’État islamique [EI ou Daesh] et d’al-Qaïda, c’est à dire Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi et Ayman al-Zawahiri, ont été éliminés lors d’opérations menées en Syrie et en Afghanistan par les États-Unis [la première en février, la seconde en juillet, ndlr].

Cela étant, les forces américaines maintiennent la pression sur ces organisations jihadistes, comme en témoignent les deux actions qu’elles viennent de mener – et c’est une première depuis 2011 – dans une zone contrôlée par les autorités syriennes. Et cela, alors que les rapports entre la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [Inherent Resolve, OIR] et le contingent russe présent en Syrie se tendent de plus en plus…

Ainsi, le 6 octobre, le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, l’US CENTCOM, a confirmé avoir mené, au cours de la nuit précédente, un raid héliporté près de la localité Qamishili, dans le nord-est de la Syrie. L’objectif était de capturer [ou de neutraliser] un certain Rakkan Wahid al-Shammri, un dirigeant de Daesh chargé de la contrebande d’armes.

« L’individu visé a été tué, l’un de ses compagnons a été blessé et deux autres ont été capturés », a indiqué l’US CENTCOM, sans donner plus de détails.

Selon Damas et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], cette opération a lieu à 17 km au sud de Qamishli, précisément dans les environs du village de Moulouk Saray, situé dans un secteur tenu par des forces loyales au gouvernement syrien.

Un témoin a raconté à l’AFP que les militaires américains sont arrivés à bord de « trois hélicoptères ». Puis, a-t-il ajouté, ils « ont invité, par magaphone, les habitants à rester chez eux, avant de perquisitionner une maison ». Ils y ont « tué une personne », qui se faisait appeler « Abou Hayel », et fait prisonnier deux autres individus. Toujours selon la même source, un échange de tirs a opposé le commando américain à « une force supplétive du régime syrien ».

Puis, quelques heures plus tard, l’US CENTCOM a diffusé un second communiqué pour donner le bilan d’une frappe aérienne effectuée le 6 octobre dans le nord de la Syrie. Celle-ci aurait permis d’éliminer deux autres de Daesh, dont un certain Abu-Hashum al-Umawi [l’identité du second n’a pas été précisée]. Au détail n’a été donné au sujet des moyens engagés pour cette opération, ni sur l’endroit précis où elle a été menée.

« Cette frappe dégradera la capacité de l’Etat islamique à déstabiliser la région et à frapper nos forces et nos partenaires », a seulement commenté le général Michael « Erik » Kurilla, le chef de l’US CENTCOM. « Nos forces restent dans la région pour assurer la défaite durable de l’Etat islamique », a-t-il insisté.

Reste à voir si les forces russes déployées en Syrie ont été préalablement averties par la coalition, étant donné qu’au moins l’un de ces opérations a été conduites dans l’espace aérien qu’elles contrôlent. Pour rappel, peu après le début de son intervention militaire en Syrie, la Russie et les États-Unis s’étaient mis d’accord sur des mesures de « déconfliction » afin d’éviter tout incident.

Or, fin septembre, le général Alexus G. Grynkewich, commandant des forces aériennes de l’US CENTCOM, a dit avoir noté un changement dans la posture russe en Syrie. « La différence est que lorsque nous entrons dans l’espace aérien [qu’ils contrôlent], nous les prévenons. Et nous le faisons dans le but de combattre l’État islamique. Quand les Russes viennent vers nos positions, pour autant que nous puissions en juger, ils ne font rien contre l’État islamique », a-t-il affirmé.

L’état-major russe a réagi cette semaine, en affirmant que le vol de l’un de ses avions de transport AN-26 avait été gêné par des drones MQ-9 Reaper et MQ-1C Gray Eagle américains dans le nord de la Syrie.

« La soi-disant coalition antiterroriste internationale dirigée par les États-Unis continue d’envoyer des drones armés dans l’espace aérien de la République arabe syrienne sans autorisation », a en effet dénoncé le général Oleg Yegorov, le chef adjoint des forces russes en Syrie, le 4 octobre. Et d’ajouter que l’incident concernant le AN-26 était le « dernier d’une série de violations par la partie américaine de l’accord du 20 octobre 2015 sur la sur la prévention des incidents aériens et la garantie de la sécurité des vols dans l’espace aérien syrien ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]