Le sud-coréen KAI présente le concept d’un chasseur embarqué dérivé du KF-21 « Boramae »

Pourtant confirmé en août 2020, dans le cadre du plan de défense 2021-25, le projet sud-coréen de porte-avions légers CV-X a du plomb dans l’aile. D’abord en raison des réserves qu’il suscite au sein de la classe politique… sa pertinence n’étant pas, aux yeux de certains, prouvée au regard de la stratégie militaire mise en oeuvre face à la Corée du Nord. Puis à cause de son coût, jugé trop élevé.

Aussi, ces dernières semaines, deux éléments ont suggéré que le CV-X ne faisait plus partie des plans du ministère sud-coréen de la Défense.

En effet, en juillet, celui-ci fit part de son intention de commander 20 F-35A et non des F-35B, c’est à dire la version STOVL [Short Take Off Vertical Landing] du chasseur-bombardier américain, la seule capable d’opérer depuis un porte-avions en configuration STOBAR [doté d’un plan incliné]. Puis, en août, lors de la présentation du budget 2023, il apparut que le programme CV-X ne faisait l’objet d’aucune demande de crédits.

« L’Administration du programme d’acquisition de défense [DAPA] envisage de prendre une décision pour l’achat d’un porte-avions après des études de faisabilité », avait alors expliqué l’agence de presse sud-coréenne Yohnap, sur la foi de déclarations faites par des « officiels ».

Pour autant, Séoul n’a pas abandonné l’idée de doter sa marine de capacités aéronavales. Lors d’une audition parlementaire, le 19 septembre, le président des chefs d’état-major interarmées [JCS], le général Kim Seung-kyum, a déclaré que la possibilité de développer localement un avion de combat embarqué était à l’étude… Et que cela aurait évidemment des conséquences sur la conception du futur porte-avions.

Et selon le général Kim, il est question de mettre au point une version navale du KF-21 « Boramae », l’avion de combat de génération 4,5 que développe actuellement Korean Aerospace Industries. En clair, et comme celui-ci ne pourra pas être de type STOVL, la Corée du Sud envisagerait sans doute de se doter d’un porte-avions CATOBAR, c’est à dire avec catapultes et brin d’arrêt. Seuls les États-Unis, la France en disposent. Et ce sera bientôt le cas de la Chine.

Or, il ne suffit pas d’ajouter une crosse d’appontage à un avion de combat pour en faire un chasseur embarqué. Cela suppose un train d’atterrissage renforcé, de même qu’une cellule plus robuste pouvant « encaisser » les contraintes mécaniques durant les phases de catapultage et d’appontage. Il faut aussi penser à des protections contre les brins d’appontage afin de ne pas endommager le fuselage ou encore installer un « vide-vite » pour vidanger les réservoirs…

Cela étant, lors du salon DX Korea Defence Industry, qui vient d’ouvrir ses portes à Ilsan, KAI a dévoilé le concept d’un KF-21 Boramae embarqué [KF-21N], avec l’intention de faire savoir qu’il est en mesure de mettre au point un tel appareil si le ministère sud-coréen de la Défense le lui demande.

Selon KAI, ce KF-21N serait capable d’opérer depuis des porte-avions STOBAR et CATOBAR. Et si son apparence est la même que le KF-21 « Boramae », il présenterait une surface alaire plus grande [mais avec des ailes repliables]. Et, évidemment, ses structures seraient renforcées.

A priori, KAI pourrait adopter la même approche que celle suivie par Dassault Aviation pour concevoir le Rafale B/C et le Rafale M, les appareils destinés à l’armée de l’Air et à la Marine ayant 80% de composants en commun. Pour rappel, le KF-21 Boramae vient juste d’entamer ses essais en vol, la mise en service des premiers avions de série étant prévue en 2026. Les 120 exemplaires commandés remplaceront les F-4 Phantom II et les F-5E/F Tiger II de la RoKAF [Republic of Korea Air Force].

Reste à voir comment la Corée du Sud entend acquérir les compétences industrielles et opérationnelles dans un domaine où elle n’a aucune expérience…

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