Guerre en Ukraine : Un modèle inconnu de drone naval s’est échoué près de la base navale russe de Sébastopol

Ces dernières semaines, les sites militaires russes en Crimée ont été visés à plusieurs reprises par les forces ukrainiennes. Tel a ainsi été le cas de la base abritant le 43e régiment d’aviation d’attaque navale de la marine russe [43 OMShAP], laquelle a subi d’importants dégâts, en août dernier.

Le commandant en chef ukrainien, le général Valeriy Zaloujny, n’a officiellement revendiqué cette attaque que très récemment [le 7 septembre, ndlr], sans préciser les moyens utilisés pour la mener. La base de Saki étant située à plus de 200 km de la ligne de front, il est possible qu’un missile balistique Hrim-2 [voire plusieurs] ait été employé. Celui-ci, capable de toucher une cible à une distance de 280 km, est en effet développé depuis 2013 par un consortium d’entreprises ukrainiennes.

Cela étant, d’autres attaques, menées avec des drones chargés d’explosifs ont visé l’état-major de la flotte russe de la mer Noire, à Sébastopol. Sans oublier la perte de plusieurs navires, dont l’emblématique croiseur Moskva [en avril], touché par des missiles anti-navires P360 Neptune de conception ukrainienne, avec le concours d’un drone tactique TB-2 Bayraktar [voire avec celui d’un avion de patrouille maritime américain P-8A Poseidon, comme le suggère le suivi du trafic aérien au moment des faits, ndlr].

Quoi qu’il en soit, et selon le renseignement britannique, ces attaques contre installations militaires russes en Crimée ont visiblement conduit Moscou à regrouper une partie de ses navires, et en particulier ses sous-marins de classe Kilo armés chacun de quatre missiles de croisière Kalibr, à la base navale de Novorossiysk et non plus à celle Sébastopol, qui est à la portée des « munitions rôdeuses » utilisées par les forces ukrainiennes…

Mais, visiblement, ces dernières mettent en oeuvre d’autres moyens… En effet, le 21 septembre, des photographies d’un drone naval de surface inconnu, échoué sur une plage de Crimée, à deux pas de la base de Sébastopol, ont été diffusées via les réseaux sociaux.

Sur l’un des clichés, on constate, en arrière-plan, la présence d’un navire de débarquement russe appartenant à la classe Ropucha.

De couleur noire, ce drone naval [ou USV – Unmanned Surface Vessel] est apparemment équipé d’une caméra électro-optique, d’un télémètre laser et d’une antenne satellite ressemblant à un modèle commercialisé par Starlink, le fournisseur d’accès à Internet qui, lié à SpaceX d’Elon Musk, a permis à l’armée ukrainienne de maintenir ses communications, voire de contrôler ses drones pour frapper les positions russes. Autre détail : sa coque porte l’inscription apparemment peinte à la main, « 4,5.VZNSI » [qui s’écrirait « 4,5.ВЗНСІ » selon la variante ukrainienne de l’alphabet cyrillique, ndlr].

En outre, deux protubérances au niveau de la proue semblent être des détonateurs de contact. D’où l’hypothèse qu’il s’agit d’un « bateau suicide », comme les rebelles Houthis en ont utilisé contre la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite au Yémen, et non un drone de surveillance. Si tel est le cas, ce serait la première apparition d’un tel engin dans la guerre russo-ukrainienne.

En tout cas, selon le gouverneur de Sébastopol, Mikhail Razvozhaev, ce drone naval a été remorqué en haute mer pour y être détruit, après avoir été « examiné par des experts ». Ce qui donne du crédit à l’hypothèse selon laquelle il transportait des explosifs… sinon on peut supposer que les forces russes l’auraient conservé afin d’en étudier les détails.

À noter que, en avril, dans les 800 millions d’aide militaire promis par les États-Unis à l’Ukraine, il était fait mention de « navires de défense côtière sans équipage » parmi, entre autres, les 18 obusiers de 155 mm M777, les 300 munitions rôdeuses Switchblade, les 200 blindés M113, les 500 missiles anti-chars Javelin et les 11 hélicoptères Mil Mi-17 de conception russe. Le Pentagone avait été discret sur ces drones navals, précisant seulement qu’ils seraient prélevés sur les stocks de l’US Navy.

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