La France veut renforcer ses relations militaires avec Djibouti

Lors de son allocution prononcée à l’Hôtel de Brienne le 13 juillet dernier, le président Macron a indiqué avoir demandé « aux ministres et au chef d’état-major des armées de pouvor repenser d’ici à l’automne l’ensemble de nos dispositifs sur le continent africain ».

« C’est une nécessité stratégique car nous devons avoir des dispositifs […] moins posés et moins exposés, réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines » et « réussir à penser un continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement, notre présence militaire », a ensuite développé M. Macron. « C’est un changement de paradigme profond que nous devons faire, et nous le ferons », a-t-il conclu sur ce sujet.

Outre leur présence au Sahel, au titre de la lutte contre les groupes armés terroristes [GAT], les forces françaises disposent de plusieurs bases et autres point d’appui en Afrique, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon ou encore à Djibouti.

À la fin des années 2000, et dans le droit fil du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN] de 2008, cette présence militaire française a évolué, d’autant plus que, dans le même temps, les accords de défense liant la France à plusieurs pays africains ont été « rénovés ». D’ailleurs, certaines des décisions prises à l’époque ont dû être revues, sous la pression des évènements.

C’est ainsi que les Forces françaises en Côte d’Ivoire [FFCI] ont remplacé la force Licorne, alors appelée à disparaître. Ou encore que la base aérienne de N’Djamena a été maintenue… alors que Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères après avoir été celui de la Défense, avait estimé que la présence française dans ce pays « ne se justifiait plus ».

Quant aux Forces françaises stationnées à Djibouti [FFDj], et malgré l’importance stratégique de ce pays de la Corne de l’Afrique [laquelle explique pourquoi plusieurs pays jouent des coudes pour s’y établir militairement], leur effectif diminua constamment, pour se stabiliser à environ 1950 militaires en 2014.

Puis, l’année suivante, une nouvelle réduction de format fut annoncée. Mais son ampleur fut moindre que celle qui était alors redoutée [il était en effet question de n’y laisser que 950 militaires…]. Reste que les FFDj, selon les plans décrits à l’époque par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, devaient compter 1350 militaires à l’horizon 2017, soit le seuil minimum pour permettre à la France de tenir ses engagements à l’égard de Djibouti, savoir la défense de son intégrité territoriale.

Fraîchement nommé chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre déclara, lors d’une audition au Sénat en 2017, qu’il était hors de question pour lui de « lâcher un pouce de terrain à Djibouti ». Et d’ajouter : « La zone, où nous sommes implantés, est extrêmement sensible et je ne pense pas que nous devrons nous en désengager dans les décennies qui viennent ».

Justement, l’accord de défense qui lie la France à Djibouti arrivera à son terme en 2024. C’est à dire demain… Et si le président Macron a dit vouloir revoir le dispositif militaire français en Afrique, celui de Djibouti ne devrait pas être concerné.

La semaine passée, lors d’un échange téléphonique, avec Ismaïl Omar Guelleh, son homogue djiboutien, M. Macron a « marqué son attachement à la stabilité de Djibouti », selon l’Élysée. Et les deux hommes ont « réaffirmé la force et le caractère stratégique de la relation de défense entre la France et Djibouti ».

Afin de préparer, notamment, le prochain accord de défense, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s’est rendu à Djibouti, le 15 septembre. Et, à cette occasion, il a rappelé la relation historique et stratégique » entre les deux pays. « Avec nos partenaires djiboutiens, nous souhaitons rénover notre relation de défense. D’ici la fin de l’année, nous allons travailler sur le prochain traité qui nous lie afin de le renforcer », a-t-il promis. Il s’agira d’aller vite… puisque les négociations devront être bouclées dans le courant de l’année prochaine.

Selon la Radiodiffusion Télévision de Djibouti, l’entretien qu’a eu M. Lecornu avec le président Guelleh ont porté sur « l’identification de pôles nouveaux de coopération sécuritaire, le renforcement de la capacité des armées des deux pays à mener avec succès des missions conjointes de dissuasion, et l’adoption, pour les forces de défense des deux nations, de modalités opératoires d’action redéfinies sur la base des défis sécuritaires, notamment le terrorisme, propres à cette région du monde ».

Pour rappel, les FFDj comprennent le 5e Régiment interarmes d’outre-Mer [RIAOM], un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre [DETALAT] doté de 7 hélicoptères [4 Puma et 3 Gazelle], la base aérienne 188 [acec ses 4 Mirage 2000-5, un avion de transport CASA CN-235 et 3 Puma], une base bavale et le Centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti [CECAD].

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