Dissuasion : M. Lecornu a inauguré le supercalculateur EXA1 de la Division des applications militaires du CEA

Étant donné que la France adhère au Traité d’interdiction complète des essais nucléaire [TICE], la Direction des applications militaire [DAM] du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives [CEA] est bien obligée d’avoir recours à la simulation pour garantir la crédibilité de la dissuasion et concevoir les têtes nucléaires de prochaine génération.

Pour cela, la DAM dispose du Laser Megajoule [LMJ], mis en service en 2014 au sein du Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine [CESTA] de Barp, en Gironde, de l’installation radiographique EPURE, du reacteur d’essais [RES] de Cadarache et de supercalculateurs aux performances sans cesse améliorées.

Ainsi, après avoir remplacé, dans les années 2000, l’AlphaServeur SC45 de l’américain Hewlett-Packard par le Tera-10 qui, conçu par le français Bull [repris depuis par Atos], était capable d’effectuer près de 53’000 milliards d’opérations sur des nombres flottants par seconde [soit 52.8 téraflops], la DAM a reçu, en 2010, le Tera-100, dont la puissance de calcul s’établissait à 1,05 pétaflops [soit 10 puissance 15 opérations par seconde sur des nombres flottants, ndlr].

Au Tera-100 ont ensuite succédé les Tera-1000-1 et Tera-1000-2, respectivement en 2015 et en 2017.

Grâce à ses 561’408 cœurs Intel Xeon Phi 7250, le Tera-1000-2, fonctionnant un système d’exploitation Linux, le Tera-1000-2 dispose d’une puissance de calcul équivalent à 25 millions de milliards d’opérations par seconde. De quoi en faire le supercalculateur généraliste le plus puissant d’Europe [et le 14e au niveau mondial].

« Son architecture préfigure les supercalculateurs de la génération 2020, dite ‘exascale ‘ [le milliard de milliards d’opérations par seconde] », avait expliqué la DAM, à l’époque. Et d’ajouter : « Les besoins […] pour la défense nécessitent un supercalculateur de classe exaflopique à l’horizon 2020. Des ruptures technologiques sont nécessaires pour y parvenir, notamment pour maîtriser la consommation énergétique – enjeu de plus en plus déterminant sur le marché du calcul haute performance [HPC] – mais aussi pour réguler les flux d’informations et faire face au volume considérable de données produites par des simulations de plus en plus précises de phénomènes multi-physiques et multi-dimensionnels ».

Dans l’attente de cette nouvelle génération de supercalculateurs de classe « exaflopique » [et les éventuels progrès de l’informatique quantique], le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a inauguré l’EXA1, sur le site de Bruyères-le-Châtel [Île-de-France], le 13 septembre.

« Avec François Jacq, administrateur général du CEA, et Vincenzo Salvetti , directeur des applications militaires, nous avons inauguré le supercalculateur EXA1. Sa puissance est parmi les 10 meilleures au monde. C’est l’assurance d’avoir une dissuasion nucléaire crédible et fiable », a commenté le ministre, via Twitter.

En novembre 2021, Atos et la DAM avaient annoncé le lancement de la première partition de ce supercalculateur. Basé sur l’architecture du BullSequana XH2000 et doté de 12’960 processeurs AMD et de 829’440 cœurs de processeurs, l’EXA1 promettait alors d’être le « plus grand système de calcul haute performance [HPC] jamais installé dans le monde utilisant des processeurs standard », firent-ils valoir à l’époque.

En outre, avaient-il ajouté, l’EXA1 est « entièrement refroidi par de l’eau grâce à la solution brevetée DLC [Direct Liquid Cooling]d’Atos qui utilise de l’eau tiède à cet effet. Avec un indicateur d’efficacité énergétique PUE~1 [Power Usage Effectiveness], il enregistre les meilleures performances du marché. Cette fonctionnalité permet au CEA/DAM de contrôler efficacement sa consommation d’énergie, de réduire ses coûts et de bénéficier de processeurs aux exigences les plus élevées en matière de puissance ».

L’EXA1 a une puissance de calcul de 23,2 pétaflops, pour une consommation d’énergie de 4,96 mégawatts. Cette capacité devrait être accrue par la suite… d’autant plus que les besoins de la DAM en la matière ne feront que croître.

« Pour les têtes [nucléaires] futures, les performances demandées sont plus importantes que celles qui sont nécessaires pour les têtes TNA [aéroportée] et TNO [océanique]. Nous devrons développer des modèles plus performants, et faire de plus en plus de calculs en 3D [alors qu’on était majoritairement en 2 dimensions avant], ce qui nécessite de continuer à accroître la puissance de nos calculateurs, avec des machines de la classe exaflopique. […] Nous avons besoin de les utiliser 7j/7, 24h/24 pour la dissuasion nucléaire puisque les calculs sont très demandeurs de puissance de machine », avait expliqué François Geleznikoff, alors patron de la DAM, en décembre 2019.

Pour en savoir plus : Tera, la saga des superculateurs, par la DAM/CEA

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