La France saisit le Conseil de sécurité de l’ONU après les derniers combats l’Arménie et l’Azerbaïdjan

En novembre 2020, avec le soutien de la Turquie, l’Azerbaïdjan sortit vainqueur d’une guerre contre l’Arménie. Guerre qui lui permit de reprendre le contrôle du glacis de sécurité établi par les forces arméniennes autour de la République d’Artsakh [ou Haut Karabakh], dont Bakou revendique le territoire. Les combats cessèrent grâce à un accord de cessez-le-feu parrainé par la Russie.

Dans le cadre de celui-ci, une force d’interposition de 2000 russes s’est déployée le long de la ligne de contact et dans le corridor de Latchin [qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie, ndlr] afin de prévenir toute reprise des combats dans ces secteurs. Et il était question de construire, via la région [ou « marz »] de Suynik, une voie reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, une république autonome azerbaïdjanaise. Mais rien de concret n’a été fait depuis. D’où les menaces du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, d’ouvrir un « corridor » par la force.

Quoi qu’il en soit, les relations entre Erevan et Bakou demeurent extrêmement tendues, des accrochages ayant régulièrement lieu entre leurs forces armées respectives. Et certains sont plus sérieux que d’autres… comme celui qui s’est produit le 3 août. Pour rappel, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait interpellé a Russie.

« Au Haut-Karabakh, il y a une ligne de contact où sont déployés des soldats de la paix, et ce territoire est sous leur responsabilité. Nous attendons que chaque tentative de violer la ligne de contact soit empêchée par le contingent de soldats de la paix », fit en effet valoir M. Pachinian.

Et puis les choses en restèrent là… Moscou ayant dit avoir « pris des mesures pour stabiliser la situation » tandis que l’Union européenne [UE], qui assure une médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan [avec lequel elle venait de signer un accord pour doubler ses importations de gaz naturel], en appelait à une « cessation immédiate des hostilités ».

Pour autant la situation reste toujours autant explosive. En témoigne la flamblée de violence de la nuit du 12 au 13 septembre. En effet, plusieurs localités arméniennes, proches de la frontière avec l’Azerbaïdjan, ont été bombardées. Et cela, selon Bakou, en réponse à des « actes subversifs à grande échelle » d’Erevan. Ce que les autorités arméniennes ont démenti, en prêtant aux forces azerbaïdjanaises l’intention d' »avancer » en Arménie.

Celles-ci « continuent d’utiliser de l’artillerie, des mortiers et des drones », a affirmé le ministère arménien de la Défense, avant de les accuser d’avoir visé des « infrastructures militaires et civiles ».

Dénonçant une « agression » de Bakou, M. Pachinian a fait état de la mort d’au moins 49 soldats arméniens lors de ces affrontements. « Et ce n’est malheureusement pas le nombre définitif », a-t-il déploré, avant d’appeler la communauté internationale à « réagir ».

D’ailleurs, selon Erevan, le Premier ministre arménien s’est entretenu avec le chef du Kremlin, Vladimir Poutine [dont les forces armées font face à une contre-offensive éclair dans l’est de l’Ukraine, ndlr], le préident français, Emmanuel Macron, et le sécrétaire d’État américain, Antony Blinken. Et il leur a « exprimé sa profonde préoccupation au sujet de la situation actuelle et souligné l’importance d’une réponse appropriée de la communauté internationale ».

Pour rappel, la France, les États-Unis et la Russie coprésident le groupe de Minsk, mis en place pour encourager la recherche d’une solution pacifique au conflit opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh.

Cela étant, M. Blinken a fait un commentaire « classique ». Les « États-Unis sont « extrêmement inquiets », a-t-il dit, estimant que, comme il est d’usage en parail cas, qu’il « ne peut pas y avoir de solution militaire à ce conflit ».

Quant à la Russie, elle a affirmé, ce 13 septembre, avoir négocié un nouveau cessez-le-feu entre Bakou et Erevan. « Nous attendons que l’accord conclu à la suite d’une médiation russe sur un cessez-le-feu à partir de 09H00, heure de Moscou [06H00 GMT], sera respecté dans son intégralité », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, se disant, lui aussi, « extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation ».

De son côté, la France a fait savoir qu’elle saisirait le Conseil de sécurité des Nations unies pour évoquer ces nouveau affrontements entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

« La France portera la situation devant le Conseil de sécurité des Nations unies, dont elle assure actuellement la présidence » et le « président Macron continue d’appeler à un strict respect du cessez-le-feu et au respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie », a indiqué l’Élysée.

Quoi qu’il en soit, l’Arménie pourrait se tourner vers l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC] dont elle est membre afin d’obtenir une aide militaire… Et cela, au titre d’une clause de défense collective. Ce qu’Erevan avait d’ailleurs fait en octobre 2020… Mais comme le Haut-Karabakh est une république auto-proclamée non reconnue par la communauté internationale, Moscou n’avait pas donné de suite.

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